Le leader du Rif emprisonné, Nasser Zefzafi, admis d’urgence à l’hôpital de Tanger.
Le leader du soulèvement du Rif a fait un malaise jeudi. C’est la troisième fois qu’il est traité à l’hôpital depuis février.
Nasser Zefzafi, prisonnier politique du Mouvement populaire du Rif (Hirak), a été admis mardi matin dans un hôpital de Tanger après avoir été victime d’un évanouissement et d’une aggravation de son état de santé jeudi dernier, selon des sources du Hirak. Ce jour-là, Zefzafi s’est plaint d’uriner du sang. Personne ne sait ce qui pourrait être à l’origine de l’hémorragie qui l’a obligé à être transféré de la prison à l’hôpital.
C’est la troisième visite dans un centre de santé depuis qu’il s’est évanoui en février. Le prisonnier politique rifain a été retrouvé par les geôliers inconscient sur le sol de sa cellule autour d’une mare de sang après s’être frappé lui-même suite à une baisse considérable du taux de sucre dans le sang (hypoglycémie), causée par la grève de la faim qu’il menait alors avec d’autres prisonniers. En mai, la famille de Zefzafi a signalé que le militant détenu à la prison de Tanger avait été emmené dans un hôpital extérieur à la prison pour y subir des examens médicaux, après quoi il avait été renvoyé à l’hôpital de la prison. À cette époque, on lui a diagnostiqué une paresthésie, une sensation anormale de picotement et de fourmillement accompagnée de froid et de chaleur dans certaines parties du corps. Ces symptômes sont compatibles avec un trouble du système circulatoire et peuvent être dus aux conditions de vie difficiles auxquelles il est soumis en prison.
La famille et les avocats du leader rifain continuent de dénoncer le fait que les autorités pénitentiaires marocaines ne fournissent pas les rapports permettant d’établir sa situation médicale.
Les tortures et les humiliations subies après son arrestation, son maintien à l’isolement pendant 18 mois et les grèves de la faim qu’il a menées ont pu réduire la condition physique du prisonnier politique rifain.
Tout cela se passe après la sentence de la Cour de cassation la semaine dernière, où elle rejette le recours de la défense pour revoir les peines des principaux leaders qui ont mené les protestations dans le Rif en 2016, qui ont été durement réprimées par l’État marocain, conduisant à l’arrestation de plus de 800 militants rifains.
Zefzafi a déclaré dans une interview à ce média qu’il avait subi des tortures et des humiliations lors de son arrestation puis de son emprisonnement, comme l’a ratifié son compagnon de cellule, Jamal Mouna, dans un témoignage publié par ELMUNDO.es après avoir fui le Maroc et obtenu l’asile politique en Espagne.
D’autre part, une déclaration de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) publiée à l’occasion de la Journée internationale des Nations unies pour le soutien aux victimes de la torture, qui est célébrée le 26 juin de chaque année, a révélé que « la pratique de la torture ou d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants est encore courante et est largement pratiquée dans plusieurs centres de détention au Maroc ».
Dans la déclaration, l’association note que « les services de sécurité recourent à ces pratiques lors d’arrestations et de détentions arbitraires, que ce soit en garde à vue, dans les prisons ou dans les hôpitaux psychiatriques, et lors de la répression de manifestations pacifiques avec l’usage excessif de la force pour les disperser ».
Les militants rifains ont dénoncé le fait qu’ils ont été victimes de torture et d’humiliation lors des arrestations, comme l’a exprimé Nasser Zefzafi dans l’interview accordée à ce média : « Ils m’ont demandé de dire vive le roi d’une voix forte pour que la torture cesse. Tout cela s’est passé pendant qu’ils filmaient avec un téléphone. Mon corps ne pouvait pas le supporter et j’ai dit « Longue vie au roi ».
El Mundo, 29 juin 2021
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