Un diplomate marocain de haut rang critique directement Nacer Bourita : Quand Rabat touche le fond
Sans doute, le Maroc ne se relèvera-t-il jamais (pas totalement du moins), de la crise grave et profonde qu’il a lui-même générée et alimentée en dépêchant vers l’enclave espagnole de Ceuta plus de 10.000 migrants clandestins, tout en revendiquant publiquement la perfidie et la caractère prémédité de cet inqualifiable acte.
Ainsi, et s’il nous est déjà arrivé d’écrire à maintes reprises, en commentant cette sordide affaire, de relever que Rabat a lui-même signé son arrêt de mort, et s’est personnellement condamné en agissant de manière si criminelle et tellement irresponsable, la condamnation, formelle et sans appel cette fois-ci, est venue de l’un des leurs, loin d’être un leurre au demeurant. Il s’agit du diplomate chevronné, et ancien ambassadeur de Mohamed VI représentant le Maroc auprès de l’ONU.
Il s’agit du docteur Khalil El Heddaoui. Avec lui, en effet, les mots sont des armes, pesés, soigneusement pesés et soupesés. Le fait qu’il ait perdu tout sens de la mesure et toute contenance lors de cette intervention publique qui a eu lieu mardi passé à Rabat, est une preuve que le ministre des Affaires Etrangères marocaines, Nacer Bourita est carrément et complètement « parti en vrille » dans cette sordide affaire.
D’où ce reproche direct qu’il fait publiquement à son supérieur hiérarchique, Nacer Bourita en l’occurrence. Situation impensable et surréaliste qui prouve, si besoin en était encore que ce dernier a bel et bien franchi le Rubicon.
Ce que ce diplomate a dit être un atout ou une victoire entre les mains du Maroc concernant l’anodine hospitalisation du président sahraoui, Brahim Ghali, s’est retournée contre le Maroc, et s’est même transformée en une erreur fatale, causée par le comportement belliqueux et irrationnel de Bourita.
Cette fois-ci, c’est un diplomate marocain qui dit et confirme publiquement ce que nous avions développé et soutenu ici depuis de nombreux jours et semaines. La déclaration de Trump n’a pas du tout réglé la question du Sahara Occidental dans le sens voulu par Rabat.
Le fait que Mohamed VI, fort mal aiguillé et conseillé par Nasser Bourita, se soit empressé de crier victoire beaucoup trop tôt, a fini par se retourner foncièrement, et du tout au tout, contre le Maroc.
En abaissant son masque criminel, le Maroc a dévoilé à la face du monde sa véritable nature. Dr Khalil El Heddaoui, critique très durement Bourita.
Il lui reproche d’avoir tenu des propos condescendants et très durs à l’adresse de l’Europe qui, selon lui, se serait refusée de quitter sa « zone de confort » en se gardant de s’engouffrer dans la brèche aventureuse et sans issue de Donald Trump. Et d’enchainer sur l’article de John Bolton, ancien conseiller Trump à la sécurité, publié sur le magazine Foreign Policy, une revue très sérieuse lue par une élite composée de dizaines de millions de citoyens à travers le monde.
Bolton n’y demande rien à Joe Biden, le nouveau président américain, que d’annuler sous quinzaine la déclaration de Trump concernant le Sahara Occidental, se désole ce diplomate américain. Bref, le fait que des ténors de la diplomatie marocaine en soient arrivés à se crêper le chignon et à se tirer dans les pattes publiquement est une preuve suffisante que le Maroc s’est volontairement placé dans une inextricable crise.
Dans le même temps, il a offert à la cause sahraouie une sympathie et une visibilité nouvelles. Désormais, le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, comme le reconnaît à demi-mots et à contrecœur Khalil El Heddaoui, est bel et bien à portée de main. Et d’urnes aussi.
Mohamed Abdoun
La Patrie News, 23 juin 2021
Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, Espagne, union Européenne,
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