La violence dans les cités inquiète au plus haut point. Ce que certaines voix qualifient, non sans raison, de terrorisme, a pris de telles proportions que le président de la République a fait adopter tout un arsenal juridique alliant prévention, orientation et répression. Et l’implication de tous les acteurs (Ecole, mosquée, mouvement associatif, corps de sécurité, justice…) est essentielle pour venir à bout de ce phénomène.
Les signes d’explosion de la violence entre groupes de jeunes se sont multipliés ces dernières années pour imposer une réalité des plus affligeantes aux populations de certains quartiers. Les affrontements fréquents entre gangs, galvanisés par des psychotropes, ont, généralement, pour objectif de limiter leur territoire et imposer leur loi. Selon une étude réalisée par la Direction générale de la Sûreté nationale, les combats entre les jeunes de quartiers «ont souvent pour arrière-plan une lutte pour le leadership, c’est-à-dire qui dirigera le nouveau quartier». Les services de sécurité ont du mal à y mettre fin pour plusieurs considérations, dont la plus importante est la possession de ces groupes de cocktails Molotov et autres armes blanches pouvant conduire à des meurtres en «batailles».
Les conditions sociales difficiles, la dislocation de la cellule familiale, les effets de la décennie noire et l’absence de mouvement associatif efficient sont autant de facteurs ayant entraîné des réponses sociales inattendues. A cela vient s’ajouter l’émergence de nouveaux quartiers à la périphérie des grandes villes devenus des foyers d’une nouvelle violence, dont les héros ne sont autres que des jeunes de quartiers. Ces bandes organisées qui se livrent à des batailles rangées à coups de sabres, d’épées et couteaux sont à l’origine de plusieurs délits, dont le trafic de drogue, les vols et agressions. Les membres de ce groupe ont un lien fort qui les unit, à savoir l’exclusion et la faible insertion sociale qui constituent un terreau fertile pour la criminalité. Il faut dire que les nouveaux quartiers sont souvent dépourvus d’installations sportives, récréatives ou éducatives qui contribuent à l’intégration des jeunes au service de l’intérêt public. Mais si jusque-là les petites délinquances urbaines ont été traitées dans l’urgence, les autorités ont décidé de frapper fort pour mettre fin à cette guerre des rues. Le président de la République a, ainsi, instruit le ministre de la Justice de l’élaboration d’un plan d’action avec des mesures juridiques dissuasives pour protéger les citoyens et leurs biens contre toute forme de banditisme qui ne cesse de semer la confusion, intimider la population et promouvoir la consommation de la drogue.
Abdelmadjid Tebboune a, à maintes reprises, souligné la nécessité d’impliquer les populations des grandes villes dans des actions de prévention et de sensibilisation. Il a, dans ce cadre, décidé d’exclure les personnes impliquées dans ce type de délits des procédures de grâce présidentielle émises lors des fêtes nationales et religieuses, et l’adoption de nouvelles mesures à même de protéger les services de sécurité chargés d’affronter ces gangs. Et d’interdire également l’importation, la vente, la possession ou la fabrication d’armes blanches.
Des sanctions plus sévères
Dans le cadre toujours de cette stratégie visant à réduire le sentiment d’insécurité, le ministère de la Justice a annoncé la mise en place de nouveaux instruments juridiques. Une loi de 40 articles a, ainsi, vu le jour assortie de sévères sanctions, pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité et punissant quiconque constituerait ou organiserait un gang ou s’y engagerait ou y participerait de quelque manière que ce soit en ayant connaissance de son objectif. Mais le durcissement des peines ne suffit pas à endiguer ce fléau, d’où l’importance accordée à l’amélioration du cadre de vie des citoyens, notamment dans les zones d’ombre. Pas moins de 1.256 projets ont déjà été achevés dans le cadre du programme de développement de ces zones, dont beaucoup ont bénéficié d’aménagement de structures pour les jeunes et de relance d’activités productrices à impact direct sur l’amélioration des revenus des ménages. L’enjeu de cette politique est d’intégrer les jeunes dans la vie pratique et rétablir la confiance perdue du citoyen en les institutions de son pays.
Assia Boucetta
Horizons, 20 juin 2021
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