MADRID – Le Maroc a promis que quiconque franchirait la frontière de l’enclave espagnole de Ceuta pourrait voir Messi et Ronaldo jouer au football. Cela a encouragé des milliers d’enfants à faire cette traversée à la fin du mois d’avril. Le Parlement européen condamne cette violation des droits de l’enfant.
Dans une résolution, le Parlement européen s’exprime principalement sur l’utilisation d’enfants comme moyen de pression dans un conflit diplomatique. Cette résolution a été adoptée par 397 voix pour, 85 contre et 196 abstentions. Dans la résolution, le Maroc se voit rappeler l’inviolabilité des frontières nationales des États membres de l’UE, la position inchangée de l’UE sur le Sahara occidental et la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant, que le Maroc a signée en 1990.
En particulier, l’utilisation d’enfants « comme chair à canon » donne lieu à la première accusation de violation des droits de l’homme portée par l’UE contre le Maroc depuis 25 ans. Même les manifestations pacifiques dans le Rif en 2017 que les forces de sécurité marocaines ont brutalement réprimées n’ont pas suscité une telle réponse de Strasbourg.
Déclenchement au Sahara occidental
Le déclencheur de ce drame à Ceuta est une dispute diplomatique entre le Maroc et l’Espagne, lorsqu’il est apparu que le leader du Polisario, qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental depuis 1973, avait été admis dans un hôpital espagnol pour des raisons humanitaires en avril dernier. Le Sahara occidental était une colonie espagnole jusqu’en 1975, mais à la mort du dictateur espagnol Franco, l’attention s’est relâchée et le Maroc a pu annexer le territoire. L’Espagne a alors conclu un accord par lequel le Maroc se voyait confier le contrôle des deux tiers du Sahara occidental. Cependant, le Polisario a continué à lutter pour l’indépendance. Les tentatives de l’ONU pour trouver une solution n’ont pas abouti.
Le Maroc fait pression sur l’UE
Dans cette lutte pour le Sahara Occidental, le Maroc fait maintenant pression sur l’Union Européenne. L’année dernière, Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur la région, ce qui a renforcé la position du roi Mohammed VI. L’Europe n’attend pas un nouvel élan dans la lutte pour le Sahara Occidental, mais croit qu’un accord devrait être atteint sous l’égide de l’ONU et selon les résolutions du Conseil de Sécurité. Cependant, l’UE réagit avec prudence à l’égard du Maroc, car il s’agit d’un partenaire important pour le commerce, pour la stabilité dans la région et dans la lutte contre le terrorisme et les flux migratoires.
La protection des frontières comme principale motivation
Selon l’eurodéputé espagnol de gauche Miguel Urbán, pour la majorité des députés européens, la seule chose qui compte est que le Maroc garde correctement ses frontières. Les droits du Sahara occidental, des journalistes ou des militants emprisonnés, ou des immigrés importent peu ». Au cours du débat, M. Urbán a indiqué qu’il trouve hypocrite de parler des violations des droits de l’homme par le Maroc, car l’Espagne renvoie souvent des immigrants illégaux au Maroc sans respecter les procédures.
Le parti d’extrême droite Vox a pris ses distances par rapport au vote, critiquant l’absence de condamnation du Maroc et l’incapacité de l’UE à traiter le problème des réfugiés, se laissant ainsi aller au chantage. À l’exception de Vox, tous les partis espagnols au Parlement européen ont voté à l’unanimité en faveur de la résolution.
In Spanie.nl, 13 juin 2021
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