La confrontation entre le Maroc et l’Espagne ne diminue pas son intensité. Ils n’ont pas réussi à obtenir de l’Espagne qu’elle cède et accepte que le Sahara devienne une de leurs provinces. Pour l’instant, ils ne vont pas relâcher leurs efforts, même s’ils n’ont pas compté sur le fait que l’Europe nous soutiendrait avec autant de détermination et que Biden ne les soutiendrait pas aussi ouvertement que Trump.
Mis à part les heurts occasionnels qui ont eu lieu au cours de l’histoire et les bons moments de collaboration mutuelle de ces dernières années, la réalité est que l’histoire montre que les services secrets des deux pays ont toujours consacré un effort prioritaire à espionner l’autre partie.
Aujourd’hui, je vais vous parler de l’obsession qu’ont toujours eue les services secrets espagnols de connaître les moindres détails de la vie et des actions du roi du Maroc, qu’il s’agisse de Hasan II ou de Mohamed VI. D’ailleurs, les Marocains ont le même intérêt pour Juan Carlos I ou Felipe VI.
En 1988, le CESID de l’époque a détecté à Madrid un Marocain, Farid Obasani, qui pouvait collaborer avec eux. Il était en train d’obtenir la nationalité espagnole à laquelle il avait pleinement droit puisqu’il était le fils d’une Espagnole. Ils ont décidé de faire pression sur lui pour qu’il collabore avec eux parce qu’il avait des relations avec la famille royale de son pays. Ils lui ont demandé d’accélérer l’octroi de la nationalité espagnole si en échange il les aidait.
Farid, un homme bon, je peux vous l’assurer, a eu un peu peur au début et a accepté de servir d’intermédiaire pour que les espions puissent capturer le secrétaire de l’ambassadeur. Mais il a ensuite explosé avec la proposition suivante : je devrais rendre compte des conversations que Hasan II avait avec le roi Juan Carlos en dehors des projecteurs. Il devait savoir ce qu’ils faisaient et, surtout, quelles étaient les intentions du monarque alaouite. Farid a explosé. Cela lui semblait une trahison des deux pays et il a refusé catégoriquement malgré les menaces proférées à son encontre.
Dix ans plus tard, un autre Marocain que je connaissais personnellement m’a raconté l’histoire suivante. Le nom du soldat était Abdelilah Issou. Il en avait assez des scandales de corruption au palais de Rabat et au sein de l’armée. Il a contacté l’ambassade d’Espagne dans l’intention de les dénoncer et a fini par parler à un membre des services secrets espagnols. Ce dernier lui propose de former un groupe clandestin d’officiers appelé « Officiers libres marocains » dont la mission serait, à terme, le renversement de la monarchie au Maroc et l’instauration de la démocratie.
Je cite ces exemples pour souligner quelque chose que beaucoup de gens ne semblent pas voir. Les États, l’Espagne et le Maroc, même s’ils s’entendent bien, essaient de provoquer chez l’autre des situations qui déstabilisent leur coexistence, car tous les pêcheurs gagnent en eaux troubles.
Ecoutez l’émission en espagnol:
Onda Cero, 13 juin 2021
Etiquettes : Maroc, Espagne, espionnage, services secrets, Hassan II, Juan Carlos I, Mohammed VI, Felipe VI, CESID, CNI? DGED, DST, guerre secrète,
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