Le discours politique sans impact
La dernière campagne électorale a révélé un discours alambiqué et un style de communication rébarbatif et morose révélant l’incapacité des candidats à aller vers l’essentiel.
Bien que des programmes soient élaborés par de jeunes universitaires formant 74 % des candidats, le discours politique n’a pas été à la hauteur des attentes citoyennes. Au moment même où l’on parle d’un tournant dans la construction de la nouvelle Algérie avec un Parlement entièrement rénové, les contradictions apparaissent de façon visible sur les discour politique des uns et autres qui ont été creux, sans envergure et ne portaient pas sur les problèmes soulevés par les citoyens. Les partis classiques en lice dans ce vote ont brillé par les généralités, des propos et des discours aux accents populistes et démagogiques.
Les dernières vidéos ont révélé des chefs de partis incapables de convaincre Les électeurs. Le président du parti El Bina El Watani Abdelkader Bengrina est allé même offrir des caramels à ses fidèles partisans dans une salle de meeting à Alger qui ne contenait que son fief. Le chef de file du MSP Abderezzak Makri se tenait debout face à un micro en invitant « les citoyens à voter en masse pour voir la lueur de l’espoir ressurgir ». Les anciens partis comme le FLN et le RND ayant brillé par leur absence se sont contentés de réinvestir la scène politique avec de nouveaux habits. Ils ont tenté de faire croire aux citoyens que « l’ère ancienne est finie et place auxjeunes maintenant » en essayant de placer dans leurs listes des universitaires, patrons d’entreprises, cadres et autres intellectuels. Ces derniers n’arrivaient pas à situer l’enjeu de cette élection en évoquant tout juste sur certains plateaux de télévisions qu’ils « vont gagner la bataille » en l’emportant haut la main. Certains nouveaux leaders politiques étaient également sûrs de « créer la surprise en remportant la majorité dans la future assemblée ». Pourtant, il y a dans chaque joute électorale, des sondages d’opinion qui révèlent les intentions de vote et les perspectives d’obtenir des résultats selon la capacité des candidats et leurs engagements pour un changement quelconque au sein de l’assemblée populaire. C’est l’outil de communication qui n’a jamais été utilisé dans précédemment et a été ignoré jusque-là.
Ni sondages ni plan de communications
Les observateurs estiment que dans l’ensemble il y a eu absence totale de la stratégie de la communication chez la plupart des candidats. Il suffit de le constater sur les réseaux sociaux qui n’ont pas été investis par ces jeunes candidats alors que les nouvelles technologies sont devenues des armes médiatiques plus redoutables et utilisées par une grande partie des citoyens. Au lieu de programmes et des explications sur les futurs projets de lois que ces candidats devaient présenter, c’est le contraire qui s’est déroulé. Des discours de « bouffonneries » frisant le ridicule et des anecdotes de mauvais goût ont été au rendez-vous pour ceux qui voulaient séduire un public très exigeant en matière de « rendus » politiques et qui souhaitent un changement réel au sein des institutions de la République. La communication de ces candidats se résumait dans des communiqués à l’adresse de la presse pour couvrir des meetings généralement vides. Le style des candidats qui tentaient d’imiter ou de calquer leur image à ce qui se déroule sous d’autres cieux, ont butté par le contraire. Des déclarations « saugrenue » de certain leaders politiques ont eu des réactions intempestives de la part des citoyens médusés par de tels propos. L’on songe notamment aux propos de Bengrina sur « le viagra de la tête et le commandos politique » sachant que ces phrases étaient jugées « choquantes » par l’opinion publique.
D’autres candidats ont versé dans des promesses « paradisiaques comme celui a déclaré que l’Algérie aura ces 100 millions de logements » ou bien ceux ne cessaient de haranguer les foules avec des discours sur le 1er Novembre et la guerre de Libération nationale se posant comme des « gardiens du temple » et quieux étaient plus patriotes que d’autres. C’est dire que les plans de communication avec choix des discours, du temps réparti pour chaque intervention et l’investissement sur l’image du candidat étaient classés parmi les grands ratés.
Par : FAYÇAL ABDELGHANI
Le Midi Libre, 14 juin 2021
Etiquettes : Algérie, élections législatives, campagne électorale, communication électorale, discours politique,
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