Maroc : la gifle de Bruxelles

IL A ADOPTÉ UNE RÉSOLUTION CONDAMNANT VERTEMENT SON INSTRUMENTALISATION DES ENFANTS À CEUTA : Le Parlement européen gifle le Maroc

Le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il a rappelé, jeudi dernier, au Maroc que la question migratoire ne pouvait être utilisée à des fins politiques. C’est à plus forte raison lorsque les migrants sont des mineurs et des enfants, comme moyen de chantage employé par les autorités marocaines pour faire pression sur l’Espagne.

Ainsi, le Maroc est tombé sous le coup de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et l’instrumentalisation des mineurs, dont il est accusé de violation du texte à travers l’épisode de la crise migratoire à Ceuta.

« Le Parlement rejette l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration, surtout des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur l’Espagne», indique un communiqué du Parlement de l’UE à l’issue de l’adoption de cette résolution par 397 voix pour, 85 contre et 196 abstentions.

Dans cette charge, les députés de l’UE déplorent particulièrement « la participation d’enfants, de mineurs non accompagnés et de familles dans le passage massif de la frontière entre le Maroc et la ville espagnole de Ceuta, mettant ainsi leur vie et leur sécurité clairement en péril ».

Il s’agissait aussi pour le Parlement de l’UE, au-delà de l’instrumentalisation ignoble d’enfants dont s’est rendu coupable le Maroc, de rappeler à Rabat que l’adoption de ce genre de méthodes pouvait être considéré comme « un geste hostile », pas seulement par l’Espagne, pays ciblé directement, mais par l’Union européenne dans sa globalité. Au mois de mai dernier, des milliers de migrants clandestins, dont beaucoup de mineurs non accompagnés, ont franchi la frontière marocaine avec Ceuta, zone contrôlée par l’Espagne, après le relâchement du contrôle du côté marocain. La résolution du parlement européen qui fait clairement le lien entre cette récente crise migratoire et l’hospitalisation en Espagne, entre avril et début juin, du président sahraoui, Brahim Ghali, cite une déclaration du ministre marocain des affaires étrangères. Ce dernier, pour rappel « a reconnu que l’entrée massive de milliers de personnes, dont des enfants, découlait directement du fait que le chef du Front Polisario avait été accueilli en Espagne ».

Au regard du Parlement européen, cette situation a été créée « par le Maroc en raison d’une crise politique et diplomatique après que le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, atteint par le coronavirus, a été admis dans un hôpital espagnol pour raisons humanitaires ». Mais pour l’Espagne qui a réagi, en mai, dernier, affirmant que le Maroc utilisait la carte migratoire pour influencer les positions politiques de ce pays par rapport à la question du Sahara occidental. La résolution adoptée par le Parlement européen jeudi dernier, a rappelé au Maroc, de manière directe, que les frontières sud de l’Espagne étaient aussi celles de l’Union européenne. Le parlement a signalé, à ce propos, que « la protection et la sécurité de Ceuta concernent l’ensemble de l’Union européenne car la ville autonome fait partie de ses « frontières extérieures ».

L’usage de la carte migratoire par le royaume du Maroc à des fins politiques n’est pas une nouveauté.
En février dernier, des diplomates espagnols s’exprimant sous couvert d’anonymat ont expliqué au site d’information spécialisé dans le monde arabe, Orient XXI que « Rabat voudrait que les pays européens suivent l’exemple des États-Unis (…) sur la question du Sahara occidental et suive la décision avortée de Trump. Pour cela, tous les moyens sont bons, y compris laisser filer l’émigration clandestine vers les Canaries espagnoles ». « En 2020, 23.023 immigrés sont arrivés par la mer dans l’archipel (des Canaries), surtout au cours du dernier trimestre. C’est un chiffre en hausse de 757% par rapport à 2019″, signale le site.

Selon le même média, les migrants marocains arrivés en 2020 aux Canaries « sont partis, tout comme bon nombre de subsahariens, des côtes du Sahara occidental, un phénomène sans précédent », alors que « lors de la précédente crise migratoire, en 2006, les rafiots des sans-papiers prenaient la mer surtout du côté de la Mauritanie et du Sénégal ».
Le 15 janvier dernier, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, avait tenté d’inciter les pays européens à changer de position sur le dossier du Sahara Occidental et emboîter le pas à l’ancien président américain, Donald Trump, qui en 2020 a reconnu la prétendue souveraineté du Maroc sur ce territoire non autonome, en échange de l’officialisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste, alliée des États-Unis. Depuis c’est l’affolement à Rabat après une série d’échecs diplomatique et le signal clair des États-Unis avec l’organisation des manœuvres militaires Lion 21 au sud du Maroc et non en partie au Sahara occidental. Contrairement à ce qu’a prétendue la propagande marocaine qui s’est encore une fois lamentablement ridiculisée. Mais la catastrophe diplomatique est lourdement ressentie à Rabat où on encaisse échec après échec et où le cabinet noir de Mohammed VI culpabilise l’arrogant Bourita qu’on pousse à la sortie.
M. Bendib

Le Courrier d’Algérie, 12 juin 2021

Etiquettes : Maroc, Parlement Européen, Union Européenne, Espagne, Ceuta, chantage à l’émigration, Sahara Occidental,

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