Le président Français Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi 10 juin la fin de l’opération Barkhane dans la région du Sahel principalement au Mali évoquant toutefois “passage à un nouveau cadre” qui verra le déploiement d’autres troupes étrangères pour maintenir la lutte contre le terrorisme dans la région et remplacer celle de la France.
“La forme de notre présence, celle d’opérations extérieures engageant plus de 5 000 hommes, maintenant depuis plusieurs années, n’est plus adaptée à la réalité des combats”, a-t-il expliqué, faisant état d’une “transformation” va notamment passer par la fermeture de bases de l’armée française et par la priorité donnée à la lutte contre les jihadistes par les forces spéciales.
Macron a évoqué “la fin de l’opération ‘Barkhane’ en tant qu’opération extérieure pour permettre une opération d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent, et la mise en œuvre d’une opération militaire et d’une alliance internationale associant les Etats de la région et tous nos partenaires strictement concentrées sur la lutte contre le terrorisme”.
La lutte contre le terrorisme sera faite “avec des forces spéciales structurées autour de [l’opération] ‘Takuba’ avec, évidemment, une forte composante française – avec encore plusieurs centaines de soldats – et des forces africaines, européennes, internationales”. Cette alliance “aura vocation à faire des interventions strictement de lutte contre le terrorisme”, a précisé le président français.
Il s’agit d’un tournant majeur qui se prépare dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel qui verra la mise en place d’une nouvelle opération menée par les Etats-Unis et à laquelle se joindront les pays de la région. La France mise aussi sur la montée en puissance du groupement de forces spéciales européennes Takuba, qu’elle a initiée et qui rassemble aujourd’hui au Mali 600 hommes, dont une moitié de Français, ainsi que quelques dizaines d’Estoniens et de Tchèques et près de 140 Suédois.
L’Italie a promis jusqu’à 200 soldats, le Danemark une centaine et plusieurs autres pays, dont la Grèce, la Hongrie ou encore la Serbie, ont exprimé leur intérêt.
“Notre objectif, c’est d’arriver à 2 000 hommes sur Takuba, avec un pilier français autour de 500 hommes, dans la durée, et une coopération avec les armées de la région, avec plusieurs emprises [bases militaires, NDLR] mais à chaque fois en appui, avec des militaires qui seraient là dans la durée aux côtés des militaires sahéliens, ce qui est une logique différente de celle des opex” [opérations extérieures, NDLR], avait expliqué en février le président français Emmanuel Macron.
De nombreux observateurs évoquent l’éventualité d’un engagement de l’Algérie qui a modifié sa constitution pour permettre au parlement d’autoriser l’envoi des troupes à l’étranger. Des élections législatives sont organisées le 12 juin en Algérie qui donneront lieu à une assemblée censée accorder son quitus à cet engagement inédit de l’armée algérienne.
Dans un récent interview à l’hebdomadaires français Le Point, le président Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l’Algérie ne laissera jamais le nord du Mali devenir un sanctuaire pour les terroristes, ni permettra une partition du pays.
La France déploie quelque 5 100 soldats contre les terroristes et possède quatre base militaires au Niger et une importante base à Hombori dans le centre du Mali
Mi-février, lors d’un sommet à N’Djamena avec les partenaires du G5 Sahel (Tchad, Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie), le président français avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire “dans l’immédiat” les effectifs de Barkhane.
Il avait toutefois esquissé une stratégie de sortie, à la faveur de renforts européens prêts à les rejoindre, alors que la France combat massivement des terroristes au Sahel depuis début 2013. Cela d’autant que le Sénat Français avait mis la pression sur Macron pour retirer les troupes françaises qui coutaient chers au budget.
Le Jeune Indépendant, 11 juin 2021
Etiquettes : France, Sahel, Mali, Barkhane,
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