Algérie : Le Maroc a ramené du poison à nos frontières (Layachi)

SAID LAYACHI, PRÉSIDENT DU COMITÉ NATIONAL ALGÉRIEN DE SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE SAHRAOUI : « Rabat a ramené du poison à nos frontières »

Invité hier au Forum du Courrier d’Algérie, Saïd Layachi, président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), a exhorté l’Union africaine (UA) « à presser la concrétisation de ses décisions sur le Sahara occidental », dernière question de décolonisation en Afrique inscrite sur l’agenda de l’organisation des Nations unies (ONU) , appelant celle-ci à « se ressaisir », par l’application dans les plus brefs délais, de ses résolutions consacrant le droit à l’autodétermination, du peuple sahraoui, selon le Droit international et la Charte onusienne.

Pour l’animateur du Forum, le désintérêt de l’ONU à aller sur la voie du règlement définitif sur la base du droit international du conflit sur le Sahara occidental, opposant, le représentant unique et légitime du peuple sahraoui, le Front Polisario et le Maroc, a causé la perte de confiance des Sahraouis dans l’Institution onusienne, laquelle a failli à assumer ses responsabilités et engagements, lors de l’accord du cessez-le-feu, en 1991 entre les deux parties précitées, pour la tenue du référendum, lequel n’a pas vu le jour, à ce jour. Après avoir rappelé les différentes étapes initiées par l’ONU et les ex-envoyés du secrétaire général de l’ONU, de l’Américain James Baker, en passant par Christopher Ross, jusqu’au le dernier en date, l’ex-président allemand, Horst Köhler, « les tergiversations de Rabat, sa fuite en avant et ses désengagements ont conduit non seulement au blocage du processus onusien par le Maroc » mais aussi ajoute-t-il « à la violation des résolutions de l’ONU et à la violation du mandat en 2016 de la mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), par l’expulsion de son personnel politique ». Pour l’invité du Forum « il est inadmissible aujourd’hui plus qu’hier de voir un système colonial encore ériger sur notre continent africain », non sans rappeler l’engagement des dirigeants africains et les États membres de l’UA « à mettre fin à la dernière question de décolonisation, le Sahara occidental » en traduction des textes et pacte constitutif de l’Institution africaine. Indiquant que l’ensemble du peuple sahraoui, des camps des réfugiés, des territoires sous occupation marocaine et de la diaspora, face au rôle inerte de l’ONU à faire valoir ses résolutions et sa Charte sur le Sahara occidental « les Sahraouis vivent désormais un problème de confiance face à ce surréalisme de l’ONU ». Par l’interruption du cessez-le-feu, novembre 2020, suite à la violation par l’armée marocaine de la Zone d’El-Guerguerat, à laquelle a riposté l’armée de libération du peuple sahraoui, la communauté internationale « est tenue plus qu’avant à assumer ses responsabilités et ses engagements» non seulement en direction du peuple sahraoui mais aussi en matière de la sauvegarde de la paix et la sécurité internationales. Affirmant que « le Maroc a allègrement violé le cessez-le-feu de 1991 » le royaume chérifien atteste ainsi qu’ « il ignore et voire même piétine les résolutions onusiennes, une posture de violation délibérée ».

Le Maroc a conclu une transaction criminelle contre le peuple palestinien

N’étant pas en mesure avec tout le soutien et les manœuvres des lobbies israéliens et celui notamment de la France, « à avoir la reconnaissance juridique de sa présence au Sahara occidental, laquelle est une présence illégale et d’occupation » le Maroc a été jusqu’ « à conclure une transaction criminelle contre le peuple palestinien durant l’ère de l’ex-président américain Donald Trump avec Israël» contre deux peuples en lutte pour leur liberté et indépendance , les peuples palestinien et sahraouie. « C’est sur le dos des Palestiniens » que le royaume chérifien poursuit le conférencier, « s’est précipité pour annoncer ses relations officielles avec l’entité sioniste », pensant que « l’accord du siècle, El-Qods capitale d’Israël » promu par le duo Trump et Netanyahu, allait mettre fin à la cause palestinienne et sahraouie. La riposte palestinienne, par la résistance armée et populaire, à la dernière agression d’El-Qods et des Palestiniens des territoires occupés par les autorités coloniales de l’entité sioniste a mis en échec, non seulement le plan et les visées par la normalisation de pays arabes, dont le Maroc avec Israël mais aussi « l’accord du siècle » précité. Il est à noter que le soutien mutuel de deux système coloniaux, l’Israélien en Palestine et le Marocain au Sahara occidental est une évidence, non seulement pour les colonisés, palestiniens et sahraouis, mais aussi pour plus d’une centaine d’État siégeant à l’Assemblée général de l’ONU, les peuples libres et les acteurs dont le docteur Said Layachi, de Comités et d’associations à travers le monde, de soutien, aux peuples palestinien et sahraoui.

« Avec Israël à nos portes, la vigilance doit être multipliée par mille »

Dans ses réponses aux questions des journalistes, sur les attaques permanentes et récurrentes du royaume chérifien contre l’Algérie, indiquant que cette posture marocaine « ne date pas d’aujourd’hui» l’invité du Forum affirme qu’elle traduit « la politique et l’approche expansionniste de Rabat » en opposition avec la doctrine et les principes de l’Algérie « hérités du processus historique du mouvement de libération du peuple algérien ». Le Maroc, rappelle le président du Comité de soutien à la cause sahraouie, « a eu à revendiquer Béchar, la Mauritanie, jusqu’au Sénégal », reprenant la déclaration du président de la République, « c’est le Maroc qui a des problèmes avec l’Algérie » et non l’inverse comme le chantent Rabat et le Makhzen marocain. Affirmant plus loin que les liens avec « le peuple marocain sont fraternels », il rappelle les dirigeants marocains que la question sahraouie est sur l’agenda de l’ONU, son conseil de sécurité et sa quatrième commission en charge des questions politiques et de décolonisation. Rebondissant sur l’officialisation des relations marocaines avec l’entité sioniste, l’invité du Forum affirme que « Rabat a ramené du poison à nos frontières ». De par sa position de principe et de ses engagements envers le peuple palestinien et la cause palestinienne, l’Algérie « est ciblée par Israël » et la déclaration du président de la République affirmant, lundi dernier, que notre pays « portera toujours les flambeaux palestinien et sahraoui » est pour notre interlocuteur « un message fort » et un rappel à l’ordre à certains qui pensent faire fléchir l’Algérie. L’animateur ne manquera pas, par la même occasion, d’inviter les Algériens « à être doublement vigilants » depuis que l’entité sioniste a un pied officiel au Maroc, concluant que la consolidation du Front intérieur « est plus qu’impératif mais une responsabilité de chacun » pour déjouer et faire échec au plan visant l’État algérien.
Karima Bennour

Le Courrier d’Algérie, 10 juin 2021

Etiquettes : Algérie, Maroc, Israël, cannabis, haschich, drogue, Palestine, Sahara Occidental,

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