S’il y a bien un parti des responsables politiques qui pratiquent à la perfection «l’art» consommé du double langage, c’est bien le MSP et son géniteur l’ex Hamas. Ses dirigeants se sont toujours arrangés pour que leur mouvement mette automatiquement un pied au pouvoir et un autre dans l’opposition pour, espèrent-ils, gagner à tous les coups et quoi qu’il arrive.
Abderrazak Makri a confirmé hier lors de son meeting à la coupole du complexe olympique du 5 juillet cette posture duale de son mouvement qui consiste à être tout à la fois dans le processus électoral et dans le ..Hirak ! Makri a en effet lancé le plus normalement du monde devant ses ouailles ceci : « Le Hirak n’acceptera jamais qu’on triture les résultats des prochaines législatives». C’est à tomber à la renverse !
La réalité est que ce mouvement islamiste qui a toujours évolué au sein du pouvoir ou dans sa périphérie, n’a jamais pris au sérieux le Hirak ni qu’il se soit inscrit dans son combat. Faut-il rappeler que ce même Abderrazak Makri qui ose parler au nom du mouvement populaire et qu’il brandit maladroitement comme un «seif El hadjad» en face de ceux que seraient tentés de fausser les résultats des élections, avait négocié sur le dos du peuple une rallonge du mandat du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Il avait rencontré plusieurs fois son frère Saïd auquel il avait donné la caution de son mouvement pour une année supplémentaire. C’était quelques jours seulement avant l’éruption du Hirak qui avait décrété le 5eme mandat ou la prolongation du 4eme nuls et non avenus. A vrai dire, le MSP de Makri n’a jamais été du côté du Hirak ni du peuple. Tout ce qui l‘intéressait était de réussir son comeback au sein du pouvoir qu’il avait quitté en 2011 après 15 ans de loyaux services à Bouteflika et sa clique.
C’est vraiment osé de la part de Makri de brandir la «menace» du Hirak auquel il n’a jamais adhéré et avec lequel il ne partage rien du tout face au pouvoir. Sans doute que les hauts responsables civils et militaires ont dû rire un bon coup on écoutant ce discours fantasmagorique de Makri qui nourrit un doux rêve d’être le prochain Premier ministre. Signe qu’il se prend au sérieux, il avait dit l’autre jour à Ouargla qu’il était prêt à «assumer mes responsabilités» (sic).
Sans doute aussi que la déclaration du président Tebboune selon laquelle il n’avait pas de problème avec «l’islamisme politique» tel qu’il existe en Algérie, l’a dopé au point de se dire qu’il va enfin «rencontrer son destin» pour reprendre la formule d’Ahmed Ouyahia, lui qui n’a même pas été ministre. Rira bien qui dira le dernier.
Imane B.
L’Est Républicain, 09 juin 2021
Etiquettes : Algérie, MSP, Abderrazak Makri, partis islamistes, élections législatives, 12 juin 2021,
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