Un rapport d’enquête accuse le Maroc d’exploiter illégalement des terres agricoles sahraouies

La Coordination des organisations des agriculteurs et des éleveurs espagnols (COAG) et l’ONG espagnole des droits humains Mundubat ont dénoncé la création d’un grand pôle de production de la tomate dans les territoires occupés du Sahara occidental aux dépens des agriculteurs sahraouis, indique le journal espagnol El Economista.

Les deux organisations accusent le roi du Maroc de construire illégalement un pôle de production de la tomate à Dakhla selon un rapport d’enquête qu’elles ont révélé jeudi dernier. Un rapport dans lequel le roi du Maroc ainsi que son ministre de l’Agriculture sont nommément accusés de pratiques illégales. Sous l’intitulé « Droits de l’Homme et entreprises transnationales au Sahara Occidental : le cas de la tomate », le rapport explique comment cinq grands groupes, dont certains détenus par Mohamed VI et le ministre marocain de l’Agriculture, exploitent des terres fertiles dans les territoires sahraouis occupés pour créer l’un des plus grands centres de production de tomates au monde. L’un des principaux groupes installés dans les territoires sahraouis occupés, est « Les Domaines Agricoles », précise le journal espagnol. « Ce groupe appartient au holding du roi Mohamed VI et produit des tomates et des melons sous la marque +Les Domaines+. Il a été créé à Dakhla en 1989 », ajoute El Economista. Il précise que la « filiale de ce groupe, le Groupe d’Exportation des Domaines Agricoles (GEDA), est en charge du stockage, du conditionnement et du transport, entretient une relation de partenariat avec l’entité française Frulexo, basée à Saint Charles International, à Perpignan ». Le journal parle également de la présence, à Dakhla, du groupe Domaines Abbes Kabbage (DAK), filiale du groupe Kabbage, dirigé par l’ancien maire d’Agadir, Tariq Kabbage, et qui a pour associé, dans plusieurs projets, l’actuel ministre de la Pêche et de l’agriculture, Aziz Akhannouch (…) DAK possède des usines de conditionnement de tomates sur le territoire marocain ».
Le rapport du COAG et de Mundubat pointe de « multiples irrégularités du mégaprojet agricole que l’oligarchie marocaine commet autour de Dakhla, parmi lesquelles la violation des droits fondamentaux du peuple sahraoui et la discrimination au travail envers cette population, l’usurpation de leurs ressources naturelles locales (…) et la fraude contre les consommateurs européens sur l’étiquetage ». La production agricole au Sahara occidental occupé est concentrée dans un périmètre d’environ 70 km autour de la ville de Dakhla. On y produit essentiellement de la tomate (80%) et du melon (20%). En tout, on estime le nombre d’emplois directs à 14 000 au niveau des unités de production de Dakhla. « La grande majorité des salariés sont des Marocains, beaucoup originaires de la région du Souss », indique le journal précisant que le fait de favoriser la main-d’œuvre marocaine s’explique par la volonté de Rabat de poursuivre sa politique de modifier la composante démographique des territoires sahraouis occupés. Par ailleurs, le rapport accuse le Maroc de non-respect de la traçabilité et de l’étiquetage des produits agricoles de la région. « Le transport des tomates depuis Dakhla jusqu’à Agadir, en territoire marocain, se fait par voie terrestre, dans des camions. (A Dakhla) elles sont mélangées au reste de la production de tomates des serres de cette région (…) L’utilisation de la voie terrestre rend extrêmement difficile la traçabilité du produit, et il n’existe pas de mécanismes transparents et clairs permettant de suivre le produit entre sa sortie des serres et son arrivée dans les usines de conditionnement d’Agadir », note le document.
Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, ressources naturelles, agriculture, terres sahraouies,
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