La France suspend ses opérations militaires au Mali

En réponse aux décisions prises par le colonel Assimi Goïta, président de la transition au Mali, la France annonce la suspension temporaire de sa coopération militaire avec le Mali. C’est ce qu’a annoncé ce jeudi 3 mai, le ministère français des Armées.

« Des exigences et des lignes rouges ont été posées par la Cedeao et par l’Union africaine pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali. Il revient aux autorités maliennes d’y répondre rapidement. Dans l’attente de ces garanties, la France, après information de ses partenaires et des autorités maliennes, a décidé de suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit », a fait savoir le ministère.

Ces décisions, ajoute-t-il, « seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes ».

Cette décision signifie que les missions opérationnelles conjointes entre les militaires de la force française Barkhane et les Forces armées maliennes (Famas) sont suspendues.

Après la démission du président de la transition, Bah N’Daw, et de son Premier ministre, Moctar Ouane, Emmanuel Macron avait dénoncé un « coup d’État dans le coup d’État inacceptable ».

Puis, dans une interview accordée à l’hebdomadaire français Le Journal du dimanche, il avait déclaré avoir « passé le message » aux dirigeants d’Afrique de l’Ouest qu’il « ne rester[ait] pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ».

Le 30 mai, les chefs d’État de la Cedeao étaient réunis en sommet extraordinaire à Accra, au Ghana, pour évoquer la situation au Mali. Ils ont décidé de suspendre Bamako des instances de l’organisation sous-régionale et condamné « le coup d’État » du 24 mai, tout en restant silencieux sur la désignation du colonel Goïta comme nouveau président de la transition malienne.

Les membres de la Cedeao ont également appelé à la nomination immédiate d’un « nouveau Premier ministre civil » et à la formation d’un « nouveau gouvernement inclusif » afin de poursuivre le programme de transition. Ils ont enfin réclamé le respect de la période de transition, fixée à dix-huit mois, et l’organisation d’élections au plus tard le 27 février 2022.

Mercredi 2 juin, le colonel Assimi Goïta a reçu une délégation de l’ex-rébellion, la Coordination des mouvements de l’Azawad, qui demande des gages avant d’accompagner la transition. Choguel Maïga, pressenti pour la primature, a assisté à la rencontre.

Au palais présidentiel de Koulouba, situé sur les hauteurs de Bamako, les délégations maliennes se succèdent. Celle de la Coordination des mouvements de l’Azawad (l’ex-rébellion) a été reçue, mercredi dans la nuit, par le colonel Assimi Goïta, le président de la transition.

Au cours de ses entretiens, il a présenté à ses invités Choguel Maïga. Membre du M5, mouvement qui a contribué à la chute de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, ce dernier est pressenti pour occuper le poste de Premier ministre. Et sa présence avait pour objectif de rassurer les ex-rebelles sur un point important : l’application de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015.

Le 7 juin, le colonel Assimi Goïta devrait prêter serment devant la Cour suprême, avant de signer dans la foulée le décret de nomination du Premier ministre.

Le Jeune Indépendant, 04 juin 2021

Etiquettes : France, Mali, Sahel, junte militaire coup d’Etat, CEDEAO, Assimi Goïta, transition,

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