par Abdelkrim Zerzouri
La campagne électorale pour les Législatives anticipées du 12 juin avance à deux vitesses. D’un côté, il y a les candidats parrainés par des partis politiques, très visibles sur les médias, qui leur assurent une couverture suivant les meetings animés par les chefs de partis, qui ont pris ces jours-ci leurs bâtons de pèlerins pour charmer l’électorat et présenter leurs candidats comme les plus méritants pour accéder à l’Assemblée populaire nationale (APN) et de l’autre, il y a les indépendants qui peinent à faire entendre leur voix, engagés qu’ils sont dans un travail de proximité pas assez médiatisé et caractérisé par un climat social défavorable. Elles se font, pour le moment, très discrètes, ces listes indépendantes qu’on présente comme une force qui est en passe de dessiner les contours de la prochaine APN, à l’issue du vote du 12 juin prochain, en raison du nombre plus ou moins élevé des listes indépendantes en lice pour le prochain scrutin. Une considération théorique amputée du constat sur le terrain, et qui reste à prouver? A la deuxième semaine de la campagne électorale, seuls les chefs de partis tiennent la vedette sur les écrans TV et les comptes rendus des journalistes, y compris dans les médias publics.
Comment expliquer ce déphasage de la vitesse entre les partis si peu nombreux mais qui se font bien entendre et voir et les indépendants supérieurs en nombre mais qui tiennent les chaises de l’arrière scène ?
Certainement que les médias ne font aucune discrimination entre les uns et les autres. C’est par manque d’expérience et d’enracinement des candidats indépendants dans le militantisme politique, étant en majorité d’illustres inconnus, qui a son poids dans la balance.
Difficile pour eux de remplir une salle, y tenir un meeting pour leur speech quand on n’a pas d’envergure politique et qu’on n’a pas, à ses côtés, des militants rompus aux pratiques des rassemblements, grâce à leur capacité de ramener des gens pour remplir les salles même si la plupart viendraient par curiosité ou une quelconque autre motivation dont ces « organisateurs » de meetings ont le secret.
Les indépendants, eux, restent-ils encore à l’âge de la naïveté, se contentant de faire ce qu’ils peuvent en engageant un travail de proximité qui ne nécessite aucune logistique ? Tout comme l’exploitation des réseaux sociaux où les candidats des partis y rivalisent également d’ingéniosité. Cette campagne à deux vitesses aura-t-elle un impact sur le choix des électeurs et sur le résultat des élections ? Difficile de pronostiquer là-dessus tant que les paramètres sur lesquels on pourrait se baser dans les estimations des tendances de l’électorat demeurent flous. On croit que certains partis sont honnis par la vox populi mais on s’étonnerait de voir leurs leaders remplir, aujourd’hui, les salles de meetings pas loin du taux de présence ou d’assistance enregistré durant ces dernières années qui portent le cachet du clientélisme, sans ancrage réel sur le terrain !
Une campagne électorale est faite pour convaincre les électeurs et il reste encore un peu de temps aux candidats indépendants pour se ressaisir et s’offrir une offensive sur ce plan. Compter seulement sur des cercles de connaissances restreints, limités aux membres des associations, les habitants du quartier et les collègues de travail, pourrait s’avérer inconsistant lors du comptage des voix.
Le Quotidien d’Oran, 31 mai 2021
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