Le jeune colonel Assimi Goïta qui a destitué deux présidents en moins de dix mois est l’un des officiers les plus influents de Bamako ayant reçu une formation militaire spéciale en France et aux Etats-Unis.
Le mardi 25 mai 2021, Assimi Goïta a annoncé avoir démis de ses fonctions et le président de transition Bah Ndaw, et le Premier ministre et le ministre de la Défense en guise de contestation au remaniement opéré quelques heures plus tôt.
En effet, il s’agit d’un second putsch que le colonel mène après celui d’août 2020 ayant conduit a l’éviction de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.
Assimi Goïta..artisan de deux coups d’Etat
Aux premières heures de la chute d’IBK, Assimi Goïta est apparu en retrait a la télévision publique aux côtés de quatre autres colonels: Modibo Koné, Malick Diaw, Sadio Camara et Ismaël Wagué, le porte-parole du CNSP. Le nouvel homme fort de Bamako a déclaré que les putschistes n’ont pas « le droit a l’erreur ». Au nom du père Assimi Goïta est le fils d’un officier de l’armée de terre malienne. Très tôt, il montre des prédispositions devant l’amener a marcher sur les traces de son père. Pour réaliser son rêve d’enfant, il intègre en 1992 le Prytanée militaire de Kati, a une quinzaine de kilomètres de la capitale Bamako. Après cette formation initiatique, Goïta fait cap sur l’Ecole militaire interarmes de Koulikoro où il se spécialise dans les armes blindées et la cavalerie. Issu de la promotion Mamadou Coulibaly, cet enfant de troupe se distingue par sa rigueur, sa ténacité et son aptitude dans le commandement. Des points forts qui lui vaudront plusieurs opérations au nord et au centre du Mali.
Un CV fourni.
Au début des années 2000, Assimi Goïta est affecté au 134e Escadron de reconnaissance de Gao. En 2005, il rejoint le 123e Escadron de reconnaissance de Kidal et obtient la même année le diplôme de l’École d’application du Train. Ses qualités de meneur d’hommes le propulsent au rang d’adjoint du chef d’escadron. Un poste qu’il occupe jusqu’en 2008. Cette année-la, Assimi Goïta décroche son diplôme du Cours de Capitaine en Allemagne. Ce combattant dans l’âme poursuit sa marche vers les sommets en devenant par la suite le commandant du Groupement tactique n°3. Sa mission : traquer les groupes armés terroristes et les narcotrafiquants qui dictent leur loi a la frontière de l’Algérie voisine.
De 2011 a 2013, Goïta dirige la 2e Compagnie de soutien puis le 37e régiment de transport. Au terme de plusieurs missions a Gao, Kidal, Menaka, Tessalit ou encore Tombouctou, il décide de servir dans les Forces spéciales avec en bandoulière le brevet de l’Enseignement militaire supérieur n°1. En 2015, il s’envole pour le Gabon où il se perfectionne a l’Ecole d’Etat-major. De retour au Mali, il est nommé Officier d’Etat-major au Centre opérationnel interarmes de l’Etat-major général des Armées puis Chef de division opération de l’Etat-major de l’Armée de terre. Plus tard, il participe au Cours d’opérations spéciales de lutte contre le terrorisme a Garmich (Allemagne) et a celui de Floride (Etats-Unis). Aguerri au combat, le colonel Goïta est promu, en novembre 2015, Coordinateur des opérations spéciales du ministère de la Défense auprès du ministère de la sécurité suite a l’attaque terroriste de l’hôtel Radisson Blu de Bamako.
Entre 2016 et 2017, il commande l’unité opérationnelle du Bataillon autonome des Forces spéciales déployées a Sofara. Et depuis juillet 2018, il assure le commandement du Bataillon autonome des forces spéciales et des Centres d’aguerrissement. Cette unité d’élite collabore souvent avec les forces américaines, notamment dans le cadre des exercices Flintlock. Marié et père de trois enfants, Assimi Goïta a maintes fois été décoré: croix de la valeur militaire, médaille de mérite militaire, médaille commémorative de campagne, médaille de la Défense française avec échelon Or et médaille des Nations Unies au Darfour.
Selon des sources militaires, Assimi Goïta est le principal instigateur du coup d’Etat. Ce dernier assure n’avoir aucune ambition dans le champ politique.
Echourouk online, 26 mai 2021
Etiquettes : Mali, Assimi Goïta, junte militaire, Sahel, terrorisme, armée, coup d’Etat, putsch,
Be the first to comment