Le Maroc doit bien se gratter la tête, la prochaine fois, avant d’opter pour la moindre incartade. Pensant pouvoir tordre le bras à l’Espagne en lâchant des milliers de migrants, dont l’écrasante majorité est de nationalité marocaine, sur la ville de Ceuta, le makhzen a vite déchanté.
Et pour cause, la manœuvre, qu’il pensait être un levier de pression efficace sur Madrid, s’est avérée limitée. Elle n’a fait que ternir davantage l’image du royaume, accusé par les Européens d’agression et de chantage. Cette fois, les alliés proches de Rabat sont restés mutiques. De toute façon, ils ne pourront rien dire ou faire.
L’arroseur arrosé
A mesure que la crise entre les deux pays s’enlise, la situation se corse pour le Maroc. Ce dernier, qui a tout fait pour que le président sahraoui, Brahim Ghali, soit traduit devant un tribunal espagnol pour viol et crimes contre l’humanité, risque de se trouver sur le banc des accusés.
Des membres de son gouvernement pourraient passer à la barre. Au demeurant, une conséquence fâcheuse à laquelle il fallait songer avant de lancer les hostilités.
Alejandro Espinosa Solana, un citoyen espagnol, a lancé une initiative qui donnerait des idées à plus d’un. Il a poursuivi devant la justice de son pays Mohammed VI, son chef du gouvernement, son ministre des Affaires étrangères, son ministre délégué chargé des droits de l’homme et son ambassadrice à Madrid.
Selon le site local H50, qui a publié une copie de la requête, le plaignant trouve inacceptable le coup de force du makhzen, qu’il classe au passage dans la catégorie des dictatures corrompues, lors duquel des milliers de migrants ont été incités à prendre d’assaut la ville de Ceuta.
Mohammed VI mentionné nommément
Pour M. Espinosa Solana, il s’agit d’un mépris absolu pour les citoyens du royaume du Maroc. Sa plainte, quant à elle, a été déposée auprès de la chambre d’instruction du tribunal de Bilbao, une ville du nord de l’Espagne, considérée de facto comme la capitale de la région du Pays basque.
Licencié en droit et titulaire d’une maîtrise en commerce international de l’Université du Pays basque, l’homme désigne directement le roi du Maroc. Dans l’argumentation, il souligne l’existence d’images de policiers marocains qui « ouvrent intentionnellement les portes de la frontière de leur côté » pour inviter et inciter « les jeunes à nager ».
« Ceux-ci ignoraient le risque grave qui existait pour leur propre vie. Il y a eu un décès », déplore-t-il.
Selon la même source, M. Espinosa Solana a travaillé à la Commission européenne à Bruxelles. Il a été observateur international pour l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans ses missions en Bosnie-Herzégovine (1997) et en Croatie (1998-2002).
La Patrie News, 23 mai 2021
Etiquettes : Maroc, Espagne, Mohammed VI, Alejandro Espinosa Solana, plainte, justice, crime contre l’humanité,