Le Maroc souhaite une enquête «transparente» sur l’entrée «frauduleuse» en Espagne de Brahim Ghali, chef du Front Polisario dont l’hospitalisation a provoqué une crise diplomatique entre les deux pays, suivie cette semaine par un afflux inédit de migrants marocains dans l’enclave espagnole de Ceuta.
Le chef du mouvement indépendantiste sahraoui soutenu par Alger a voyagé «avec des documents falsifiés et une identité usurpée», a affirmé samedi Fouad Yazourh, un haut responsable du ministère des Affaires étrangères au cours d’un point de presse à Rabat. «Une enquête que nous espérons transparente devrait être menée pour jeter toute la lumière sur cette affaire», a-t-il ajouté.
Selon ce responsable, le Maroc, qui a «révélé dès le 19 avril» sa présence en Espagne, dispose d’informations sur les «complicités» dont M. Ghali a bénéficié avant son départ et compte «dévoiler plus d’éléments en temps opportun». La justice espagnole a rouvert cette semaine un dossier contre M. Ghali pour «crimes contre l’humanité» après une plainte ancienne déposée par l’Association sahraouie pour la Défense des Droits de l’Homme, l’accusant de «violations des droits humains» sur des dissidents des camps de Tindouf (ouest de l’Algérie).
Vers une crise migratoire
M. Ghali a été hospitalisé en avril dans un établissement de Logroño (nord) après avoir contracté le Covid-19 et son état de santé est en «constante amélioration», selon le Polisario. Sa présence en Espagne a suscité «l’exaspération» du Maroc qui le considère comme «un »criminel de guerre«. Madrid a justifié son transfert par »des raisons strictement humanitaires«. L’affaire a dégénéré en crise quand les forces marocaines ont laissé passer des milliers de migrants vers Ceuta, enclave espagnole située au nord du royaume.
Le Polisario milite pour l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole contrôlée dans sa majeure partie par le Maroc, qui propose une autonomie sous sa souveraineté. Après presque 30 ans de cessez-le-feu, les hostilités ont repris mi-novembre après le déploiement de troupes marocaines dans une zone tampon de l’extrême sud du territoire, pour déloger des indépendantistes qui bloquaient la seule route vers l’Afrique de l’Ouest, selon eux illégale.
Le Figaro, 22 mai 2021
Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, crise migratoire, conflit, Sahara Occidental, Brahim Ghali,
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