France-Algérie : Les petits pas de l’axe Alger-Paris

Tebboune reçoit un appel téléphonique de Macron

Les deux présidents expriment une réelle volonté de briser la digue qui empêche les deux sociétés de se rencontrer pour édifier un avenir serein.

Saïd BOUCETTA

Abdelmadjid Tebboune a reçu, mardi dernier, en fin d’après-midi, un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron. Un communiqué de la présidence de la République rapporte que les deux hommes ont passé en revue «les relations bilatérales et convenu de mettre à jour la réunion de la Commission ministérielle conjointe de haut niveau». Laquelle rencontre programmée pour le début du mois d’avril dernier a été reportée sine die, jetant le doute sur la solidité des relations entre Alger et Paris. Cet épisode n’a pas entamé pour autant, la volonté des présidents des deux pays à travailler dans le sens d’une réconciliation mémorielle entre les deux pays, en dépit de l’action des lobbies des nostalgiques de l’Algérie française. On retiendra dans le cadre de l’effort réciproque, l’initiative d’Emmanuel Macron qui a personnellement dépêché à Sétif l’ambassadeur de France en Algérie à l’effet de déposer une gerbe de fleurs au nom du président de la République française au pied de la stèle en hommage au premier martyr des massacres du 8 Mai 1945.

Ce coup de téléphone témoigne donc d’une détermination commune aux deux présidents de ne pas céder aux pressions des nostalgiques et de poursuivre le travail de mémoire entrepris entre Paris et Alger. Lequel devra se poursuivre «dans un esprit d’apaisement», souligne un communiqué de la présidence de la République française. Le président Macron, premier chef d’Etat français à être né après l’indépendance, espère voir cette réconciliation algéro-française se concrétiser «tout particulièrement, entre les jeunesses des deux pays». Cet échange téléphonique, avec en sus, une reprise annoncée des relations institutionnelles et la relance de la coopération entre les deux pays, démontre, si besoin, la foi en l’avenir qu’expriment régulièrement Abdelmadhid Tebboune et Emmanuel Macron. Il est entendu, en effet, que les crises les plus coriaces n’ont pas empêché les deux hommes de renouer les fils du dialogue que des forces occultes ont souvent tenté de rompre.

Depuis novembre dernier, les communications téléphoniques se font régulières et s’imposent, de fait, comme un élément solide et constant dans le partenariat algéro-français et traduisent un «acte de résistance» contre l’occultation de la vérité historique. D’ailleurs, le chef de l’Etat qui a indiqué dans son message à l’occasion de la Journée de la mémoire, le 8 Mai dernier, que «l’excellence des relations avec la République française ne saurait exister en dehors de l’Histoire et du traitement des dossiers de la Mémoire, qui ne sauraient faire l’objet d’aucune renonciation», sait parfaitement que l’exigence algérienne ne contredit pas la démarche du président Macron sur le dossier de la mémoire.

C’est dire la volonté d’Alger et de Paris de briser une bonne fois pour toutes la digue qui empêche les deux sociétés de se rencontrer pour édifier un avenir serein, débarrassé des fantômes du passé que les nostalgiques de la colonisation n’ont de cesse d’agiter pour brouiller les visions des uns et des autres et maintenir un statu quo nuisible à la France, à l’Algérie et à toute la région méditerranéenne. À une année du 60e anniversaire de son indépendance, l’Algérie gagnerait à voir en la France une puissance économique et scientifique et non pas un Etat colonial qui n’existe plus. De son côté, la France se portera bien mieux en considérant l’Algérie comme une puissance régionale qui dispose d’une influence certaine en Afrique du Nord et dans le Sahel. Les deux présidents sont déjà dans cette perspective. Et pour cause, lors de l’entretien téléphonique, ils ont procédé à un échange de «vues sur les questions régionales d’intérêt commun dans la région du Sahel, notamment au Tchad, au Niger et au Mali, et ce qui doit être fait pour aider les pays du Sahel à instaurer la stabilité», notent les communiqués émanant des Palais d’El Mouradia et de l’Elysée. On retiendra, notamment dans le communiqué de la Présidence algérienne l’accord des deux chefs d’Etat pour un soutien du processus de règlement en Libye, «notamment en apportant aide et assistance au nouveau gouvernement afin d’organiser des élections dans les meilleures circonstances». Tebboune et Macron sont sur la même longueur d’onde.

L’Expression, 15 mai 2021

Etiquettes : France, Algérie, Mémoire, colonisation, partenariat, Alger, Paris,

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