Algérie/ Le sens de la responsabilité et de la légalité (Edito du Moudjahid)

Les marches sont désormais régies par l’exigence de transparence, de responsabilité et de légalité érigées en normes incontournables par les plus grandes démocraties dans le monde. Il est inconcevable, comme le montre l’expérience vécue dans nombre de capitales occidentales, que le droit inaliénable à la manifestation fasse l’objet d’une atteinte à l’ordre public, à la sécurité des biens et des personnes garantis par les lois de la République. Dans certains cas, le choix des places publiques et de l’itinéraire de déroulement des manifestations est fixé par les autorités compétentes pour éviter les dépassements et les destructions.

Il est donc parfaitement compréhensible que, dans un cadre républicain, soient privilégiées une meilleure gestion et une organisation plus efficace pour lever l’opacité qui a jusque-là prévalu en Algérie, faute d’une représentation claire et pleinement assumée du Hirak, détourné de sa vocation pacifique et livré aux apôtres du nihilisme, de la fitna et du chaos. Le spectre de la violence dans toutes ses formes hante les marches hebdomadaires.

Il y a lieu aussi de rappeler la présence au tout début des manifestations de parlementaires européens, l’arrestation de ressortissants marocains, en séjour irrégulier, et d’un groupe de 5 personnes financé par une représentation diplomatique, l’existence de projets d’attentats pendant les marches, à Tizi Ouzou et Béjaia, reconnus par des terroristes arrêtés et les aveux des éléments du mouvement illégal séparatiste faisant état d’attaques armées en préparation ciblant plusieurs régions du pays.

Cette situation inquiétante, incompatible avec les valeurs de civisme et hautement patriotique du Hirak originel, renseigne sur le dévoiement d’une pratique démocratique et de son mode d’expression pacifique. La liberté d’expression, de réunion et de manifestation publique est certes garantie, dans l’alinéa 1 de l’article 58, par la Constitution. Mais il est temps de veiller à une réglementation rigoureuse, tributaire du respect des procédures légales.

«Il est constaté, note un communiqué du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, que les marches hebdomadaires commencent à enregistrer des dérapages et des dérives en termes d’indifférence aux désagréments causés aux citoyens et d’atteintes aux libertés du fait des individus changeant à tout moment l’itinéraire, sous prétexte d’être libres de marcher dans n’importe quelle direction à travers n’importe quel axe, ce qui est contraire à l’ordre public et aux lois de la République».

La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Là où la loi s’impose. Les organisateurs sont tenus de communiquer auprès des services concernés les noms des responsables et les horaires des marches du début à la fin pour mettre fin à l’état anarchique et préserver le caractère légal des marches, si toutefois telle est la motivation réelle des porte-parole autoproclamés faisant main basse sur le néo-Hirak et appelant ouvertement à l’ingérence étrangère, en communion avec la mouvance extrémiste responsable de la tragédie algérienne coûteuse en vies humaines et en destruction.

El Moudjahid, 10 mai 2021

Etiquettes : Algérie, Hirak, élections législatives, marches, autorisations, loi,

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