A mesure que s’approche la date du 12 juin prochain qui coïncide avec les prochaines élections législatives, les interrogations sur la coloration idéologique du nouveau gouvernement se font plus insistantes. Sachant la composante humaine des candidats partisans, l’on est amené à se poser la question suivante : L’expérience islamiste est-elle une fatalité pour tout pays musulman qui accède à la démocratie ? Autour de nous, en effet, de l’Indonésie au Maroc, en passant par le Pakistan, la Turquie et la Tunisie, toutes ces pays se sont colorés en vert.
L’exemple le plus proche de nous est, bien entendu, la Tunisie. Voilà donc une société qui a très officiellement opté pour la solution islamiste en offrant le pouvoir à un parti de cette obédience lors des premières élections libres. Il reste cependant que ce pays semble franchement dépassé par les débordements causés par un islamisme de pouvoir. Pourtant, pour celui qui connaît la Tunisie et les Tunisiens, la seule victoire d’En Nahdha était déjà vue comme une «dérive politique».
Et pour cause, nos voisins, dont l’économie repose en grande partie sur l’esprit de tolérance qu’impose l’activité touristique, savaient les terribles conséquences d’une montée de l’intégrisme au sein de la société. Ils le savaient d’autant bien que pendant toutes les années 90, ils voyaient venir chez-eux des Algériens traumatisés par les exactions du GIA.
Soutenu par le statut de la femme fortement ancré dans les mœurs du pays, mais aussi au sein de l’opinion en raison de l’extrême « chance » qu’avait la Tunisienne en comparaison avec le triste sort de pas mal de femmes arabes, le pays était, pensait-on, paré à édifier une barrière infranchissable contre le courant obscurantiste. Mais, il n’en a été rien de tout cela. C’est le parti islamiste qu’on dit modéré, qui a raflé la mise aux première Législatives pluralistes et qui continue à peser sérieusement sur la politique du pays.
Le cas tunisien nous apprend deux choses. D’abord que le tourisme n’est pas la panacée à l’intégrisme, ensuite que le mal est profond et recommande une réaction à l’échelle de toute la nation musulmane. Il est urgent que tous les musulmans se débarrassent de leur faiblesse en cherchant la solution en eux-mêmes et pas dans les singeries de modèle importés de l’étranger. Les Algériens font partie de ce gigantesque ensemble humain. Ils s’apprêtent à faire élire de nouveaux députés. Dans le lot, il y aura certainement des islamistes. Mais il devra y avoir une voix puissante qui sorte de la société civile pour imaginer une Algérie, certes musulmane, mais également moderne et surtout plurielle.
Par Nabil G
Ouest tribune, 09 mai 2021
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