En dépit de la volonté politique affichée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le décollage économique n’a pas encore atteint le niveau de croisière escompté. Des entraves bureaucratiques complètement obsolètes et anachroniques régissent encore l’activité économique et notamment, l’investissement.
Par Akrem R.
D’ailleurs, faute de non promulgation du nouveau code de l’investissement, aucun projet n’a été concrétisé sur le terrain…. depuis 14 mois !
C’est dans cette optique, que l’expert international et conseiller en investissement industriel, Mohamed Sayoud, a préconisé un tour de vis supplémentaire dans les procédures de récupération du foncier industriel non exploité, qu’il juge insuffisantes.
En effet, des milliers d’hectares de terrains sont restés en jachère dans plusieurs wilayas, après que de pseudos opérateurs économiques les ont tout bonnement abandonnés après avoir pu contracter des crédits bancaires, qu’ils ont détournés de leur vocation originelle.
Pour rappel, l’ex-ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, avait annoncé, en janvier dernier devant les membres du Conseil de la Nation, l’élaboration d’un projet de texte modifiant la loi 08-04 de 2008 relative au foncier industriel, visant la récupération des assiettes des zones industrielles, dont les propriétaires ont bénéficié d’actes de concession, et qui sont toujours non exploitées.
Une démarche longtemps revendiquée par Mohamed Sayoud, qui estime, quant à lui, que l’Algérie accuse un retard de 50 ans en la matière, et qu’il faudra, en conséquence, travailler davantage et à un rythme soutenu pour combler ce déficit économique.
Pour Mohamed Sayoud, en l’absence d’un nouveau code de l’investissement, c’est la bureaucratie qui tire les ficelles. Il a signalé, à cet effet, que 40 000 à 50 000 dossiers ont été déposés auprès du comité d’assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier (Calpiref). Parmi les demandeurs, il y a d’anciens importateurs qui souhaitent réaliser des usines. « Ce n’est pas rien ! Imaginez que sera l’impact sur l’économie nationale si ces postulants à des terrains industriels obtiennent gain de cause ? Maintenant, imaginez le contraire aussi ! Il n’y a pas de secret. Il faut que l’expression ‘ce n’est pas possible’ disparaisse du vocabulaire des administrateurs », ironise M. Sayoud. Notre interlocuteur a pointé du doigt un phénomène étrange au sein de l’administration algérienne, consistant à ne pas appliquer, pour des raisons non évidentes, les orientations et les directives émanant des plus hautes instances de l’État. « Il doit y avoir des forces occultent qui veulent à tout prix entraver le développement économique en Algérie», s’est-il interrogé dans une déclaration adressée à notre quotidien.
Pour cet expert, la croissance économique dans le secteur de l’Industrie doit s’articuler sur la baisse des importations, qui entraine de facto une baisse de la demande sur les devises. «Le marché parallèle de la devise impacte négativement la volonté d’aller vers l’investissement productif », a-t-il ajouté.
«La règle 51/49 résiste, malgré sa suppression»
Sur le plan international, l’Algérie peine à améliorer son classement Doing Business depuis plusieurs années déjà. En effet, la détérioration du climat des affaires et une législation qui ne favorise pas la croissance des IDE, car elle est jugée trop « bureaucratique », voire « protectionniste » par beaucoup d’experts.
À titre d’exemple, la règle (51/49) régissant l’investissement étranger en Algérie depuis 2009 et amendée par l’article 50 de la loi de Finances Complémentaire, LFC2020, résiste, du moins sur le terrain. En effet, dira M. Sayoud, à ce jour, le Centre national du registre du commerce (CNRC), sous tutelle du ministère du Commerce, n’autorise pas encore les investisseurs étrangers à avoir un registre de commerce s’ils ne disposent pas d’un partenaire national. «Nous ne comprenons pas les raisons de ces blocages malgré la révision de la loi et nous demandons la levée immédiates des barrières à l’entrée des IDE », a-t-il déploré.
L’importance du facteur «temps» n’est pas en reste : Mohamed Sayoud s’étonne que le lancement d’une activité industrielle puisse durer très longtemps, pour des raisons bureaucratiques, alors que l’entrée en production d’une entreprise devrait intervenir dans les 5 à 8 mois à compter de sa création. « Il faut que les autorités prennent à bras le corps la question du temps. Il s’agit d’un facteur primordial pour le développement économique du pays».
Ecotimes, 09 mai 2021
Etiquettes : Algérie, économie, décollage économique, entraves bureaucratiques, investissement, foncier industriel non exploité, détournement,
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