Le chef du Front Polisario sahraoui indépendantiste Brahim Ghali, actuellement dans un hôpital espagnol, est convoqué mercredi devant un tribunal de grande instance de Madrid pour répondre de « tortures » présumées, a indiqué lundi à l’AFP une source judiciaire.
La convocation devant la Cour Suprême est due à une plainte pour torture déposée par Fadel Breika, dissident du Front Polisario et naturalisé espagnol.
Cependant, la même source judiciaire a exprimé ses doutes quant à la possibilité que le leader indépendantiste sahraoui assiste à la réunion, puisqu’il est toujours hospitalisé, officiellement et selon ses proches, souffrant d’un coronavirus.
Selon la presse locale, Ghali est hospitalisé depuis fin avril à Logroño, dans le nord de l’Espagne.
L’affaire est devenue un casse-tête pour la diplomatie espagnole, qui craint l’impact de l’accueil de Brahim Ghali sur les relations bilatérales avec le Maroc, qui est fermement opposé à l’indépendance du Sahara occidental et propose une autonomie sous sa souveraineté.
Le gouvernement espagnol a fait savoir que le leader sahraoui était reçu pour « des raisons strictement humanitaires », et la ministre des affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a affirmé que ce geste ne devait pas perturber « les excellentes relations que l’Espagne entretient avec le Maroc ».
Un argument qui n’a pas semblé convaincre à Rabat, où deux jours après ces déclarations, son homologue marocain Nasser Bourita a convoqué l’ambassadeur d’Espagne pour lui exprimer son « exaspération » et lui « demander des explications » sur l’accueil de Brahim Ghali.
L’Espagne a besoin du Maroc comme allié pour contenir l’immigration illégale en provenance de ses côtes, et attend depuis des mois d’organiser un sommet bilatéral, officiellement reporté en raison de la pandémie.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole classée « territoire non autonome » par l’ONU en l’absence d’accord, est contesté depuis 45 ans au Maroc par le Front Polisario, soutenu par l’Algérie.
Après près de 30 ans de cessez-le-feu, les hostilités entre le Polisario et le Maroc ont repris à la mi-novembre après le déploiement de troupes marocaines à l’extrémité sud du Sahara occidental pour déloger les partisans de l’indépendance qui bloquent la seule route vers l’Afrique de l’Ouest.
RFI, 03 mai 2021
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