Think Tank US: la stabilité au Sahel tributaire de la fin de l’approche « erronée » de la France

WASHINGTON- Une analyse du Think Tank américain Atlantic Council, a conclu que la stabilité au Sahel était tributaire de la fin de l’approche « erronée » de la France dans la région, estimant que la situation au Tchad notamment a mis en évidence la négligence de Paris en matière de violations des droits de l’homme et de mépris des valeurs démocratiques au profit d’une vision « étroite ».

« Le Tchad, la Libye et le Sahel ne pourront être véritablement stables que lorsque la France mettra fin à son approche erronée et de longue date de la région », estime l’auteur de l’analyse intitulée: « Mort de Déby: un microcosme des failles de la politique étrangère française en Libye », publiée vendredi sur le site, d’Atlantic Council.

D’après l’analyse, la situation en Libye et les troubles actuels au Tchad « mettent en évidence la négligence de la France sur les dossiers lamentables en matière de corruption, de violations des droits de l’homme et de mépris des valeurs démocratiques au profit d’une vision sécuritaire étroite qui donne la priorité à un faux sentiment de sécurité et à une stabilité illusoire ».

Avec la mort « inattendue » du président tchadien Idriss Déby, « la transition au Tchad est en jeu pendant que la France se bouscule à soutenir ce qui est effectivement un autre coup d’Etat – par nul autre que le fils de Déby – sous prétexte de préserver la continuité », dénonce l’auteur de l’analyse. Ce n’est pas une surprise, pour lui, puisque dit-il, « la France soutient le règne de Déby depuis qu’elle a soutenu le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir en 1990 ».

« Les troupes françaises, les avions de reconnaissance et les avions de combat étaient souvent déployés pour soutenir Déby chaque fois que des groupes d’opposition se mobilisaient pour le renverser », révèle l’auteur, ajoutant que les conditions qui ont conduit au décès de Déby sont aussi « un sous-produit direct de la politique myope » de son allié occidental, la France, en Libye.

Les actions de Haftar, soutenues par la France, ont provoqué une instabilité au Sahel

En effet, « la mort de Déby illustre les failles inhérentes à la politique étrangère française en Libye et au Tchad » ainsi que la volonté de Paris de soutenir les autocrates en Afrique, commente encore l’analyste.

D’après lui, les rebelles qui ont lancé une incursion dans le nord du Tchad appartenaient au Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT).

FACT avait lancé son offensive dans le nord du Tchad depuis la région de Fezzan, au sud de la Libye, juste après l’organisation des élections présidentielles au Tchad le 11 avril.La plupart des combattants de ce mouvement se sont engagés aux côtés des forces du général Khalifa Haftar.

En plus de bénéficier des armes fournies à Haftar par ses soutiens étrangers, les combattants du FACT ont même reçu une formation dispensée par la société militaire privée russe « le groupe Wagner » dans le cadre de l’assaut de Tripoli, que la France a encouragé politiquement et soutenu militairement contre le gouvernement d’union nationale libyen (GNA).

Ce soutien n’est pas nouveau, selon le Think Tank qui soutient que « pendant des années, le principal soutien politique de Haftar dans les cercles politiques occidentaux a été la France ».

Dans les rares cas où leur soutien à Haftar a été reconnu, les décideurs français ont souvent justifié leur partenariat avec le général en le dépeignant comme un allié capable de contrer les milices extrémistes et terroristes libyennes ayant des liens avec les organisations terroristes al-Qaïda et l’organisation de « l’Etat islamique » (EI/Daech), relève le Think Tank.

Selon Atlantic Council, bien que sachant parfaitement que « les mercenaires faisaient partie intégrante des forces de Haftar, l’octroi de la légitimité internationale par la France via un engagement diplomatique a été complété par un soutien militaire qui n’a jamais diminué ». « Les répercussions des actions de Haftar, soutenues par la France ont maintenant provoqué une instabilité directe au Sahel », conclut l’analyse.

APS, 2 mai 2021

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