Grave crise sanitaire en Tunisie : L’Algérie va fournir 1 million de litres d’oxygène

L’Algérie va de nouveau livrer, aujourd’hui, 100 000 litres d’oxygène médical à la Tunisie en proie à une dure crise sanitaire due à la propagation de la Covid-19 (variant britannique).

Soumis à une très forte pression en raison de l’augmentation rapide et importante des nombres de cas du nouveau coronavirus, notre voisin de l’est a sollicité l’appui de l’Algérie pour répondre à l’urgence du manque d’oxygène dans ses hôpitaux.

Ce n’est pas Sidal, l’appellation locale de l’opérateur français, Air Liquide, ni même son confrère allemand, Linde Algérie, qui ont le monopole du marché algérien depuis de très longues années, qui vont fournir la Tunisie, mais un opérateur algérien, Calgaz, qui a été d’un apport providentiel dans l’approvisionnement des hôpitaux algériens en oxygène médical.

Les camions de Calgaz ont démarré dans la nuit d’hier pour arriver aujourd’hui au poste frontalier algéro-tunisien Bouchebka, où ils vont transborder leur produit. La fermeture des frontières les empêche d’aller effectuer eux-mêmes la livraison. L’opération de transbordement prend de 3 à 4 heures pour chaque camion. L’opérateur algérien, qui a déjà livré 90 000 litres vendredi dernier, aura à exporter environ 1 million de litres d’oxygène médical d’ici 10 à 15 jours.

Selon nos sources, la Tunisie qui est au bord de l’asphyxie en importe d’Italie et de France, mais ce sont des quantités négligeables. Un responsable de l’opérateur algérien affirme, en effet, qu’ayant une importante capacité de production, 150 000 litres/jour, Calgaz est capable de subvenir aussi bien aux besoins de l’Algérie que ceux de la Tunisie en même temps.

Une capacité de stockage de 500 000 litres

Avec ses deux unités de production basées à Ouargla et Laghouat, Calgaz possède des capacités de stockage de 500 000 litres. C’est elle qui a alimenté, depuis le début de la crise sanitaire en Algérie, 220 centres hospitaliers.

Elle a eu à offrir un million de litres à titre gracieux avant de répondre aux besoins nationaux en approvisionnant Linde et Sidal, qui ont le monopole du marché national et des contrats avec les établissements hospitaliers, mais des capacités de production très réduites.

Calgaz leur a livré respectivement 9 millions et 1 million de litres d’oxygène médical. Si ce n’est l’intervention de cette entreprise créée en 2018, l’Algérie aurait eu du mal à répondre aux besoins urgents des hôpitaux et à sauver des vies humaines.

Air Liquide et Linde Algérie, présents en Algérie depuis de longues années, n’en produisent que le strict minimum. Le manque d’oxygène dans les établissements hospitaliers en juillet 2020 avait conduit le ministre en charge de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, à réunir d’urgence les responsables des deux entreprises avec l’opérateur algérien en leur demandant de mutualiser leurs capacités de production et de distribution de l’oxygène médical.

Ce qui a été fait avec beaucoup de succès. Seulement, la crise sanitaire a révélé la faiblesse des politiques qui ont donné le monopole de la production et de la commercialisation d’un produit aussi stratégique que l’oxygène médical à des opérateurs étrangers, visiblement motivés que par l’aspect du gain et le rapatriement des dividendes. Sinon comment peut-on interpréter, nous révèle une source digne de foi, le fait que Linde Algérie refuse jusqu’à aujourd’hui d’honorer ses engagements vis-à-vis de Calgaz.

Son directeur général par intérim nous a promis il y a une semaine de nous donner sa version, mais en vain. Beaucoup s’étonnent en effet de la décision de donner l’exclusivité de la production des gaz industriels à des opérations étrangers. L’oxygène est pourtant une question de sécurité sanitaire.

El Watan, 02 mai 2021

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