par Malika Boussouf
Une situation qui pèse lourd et dicte de regarder la réalité telle qu’elle est, lourde de sens, et non pas telle que l’on aimerait nous la décrire ! Pauvres et ça ne gêne même plus d’en parler en termes aussi crus et sans même sourciller ! En cas de double peine, maladie et pauvreté emporteront plus rapidement sans que cela dérange outre mesure. Même si la précarité avance de façon inquiétante et que de plus en plus de citoyens peinent à joindre les deux bouts. L’astuce passe par un discours définitivement inopérant.
Des assurances auxquelles plus personne n’accorde de crédit. Quand on leur affirme que le problème est passager, ils s’en vont battre le pavé pour dire leur insatisfaction. Ils gonflent les rangs d’une opposition qui, sans être structurée, sait ce qu’elle veut et pourquoi elle est dans la rue. Une rue en colère qui sait combien les promesses ne coûtent rien à leurs auteurs qui reprennent à leur compte celles qu’on lui sert depuis des décennies.
En attendant une hypothétique concrétisation des engagements, l’Algérie d’en bas garde le cap de la contestation. Inutile donc de lui insinuer que si les moyens de la nourrir ou de la couvrir font présentement défaut, elle n’a qu’à se contenter de ce que le ciel réserve à chacun au quotidien. En réponse donc à la question que l’on se pose lorsque le désespoir nous noue l’estomac, l’administration, dans son ensemble, appellera d’une seule voix à patienter. En attendant que les choses rentrent dans l’ordre et parce qu’aucun responsable n’a expérimenté les effets d’une situation de précarité extrême, la crédibilité du discours officiel en prend un coup. Il y aurait fort à dire sur ce que l’on devient quand on a été privé de tout par des prédateurs, auparavant gestionnaires de nos manques et qui se sont empressés d’aller rouler carrosse ailleurs.
Il n’y a pas que les mendiants qui tendent la main ou vous harcèlent en s’accrochant à votre bras pour vous faire céder. Il faut aussi parler des sans-abris. De celles et ceux qui dorment dehors parce qu’ils n’ont nulle part où aller, rien pour abriter leur dénuement et soustraire leur détresse au regard d’autrui !
M. B.
Le Soir d’Algérie, 29 avr 2021
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