Exercices navales Maroc-USA : L’Espagne proteste

Les Affaires étrangères protestent auprès des Etats-Unis pour un exercice militaire près des îles Canaries avec des avions marocains.

La marine américaine a déployé un porte-avions nucléaire, deux autres navires et des avions. L’ambassade des États-Unis à Madrid a répondu qu’elle n’avait aucune obligation de communiquer avec les contrôleurs aériens espagnols.

Friction diplomatique entre l’Espagne et les États-Unis, au début du mandat de Joe Biden, avec un sujet sensible : les îles Canaries, le Maroc et la défense militaire. Tout part d’un exercice militaire conjoint effectué par des navires et des avions de la marine américaine et de la marine et de l’aviation marocaines dans l’Atlantique, non loin des îles Canaries.

Les États-Unis et le Maroc renforcent leurs liens militaires. Il y a quelques mois, ils ont signé un accord de coopération militaire et ont organisé plusieurs exercices et manœuvres conjoints.

Début mars, ils ont effectué un exercice, « Lightning Handshake », pour s’entraîner aux missions de guerre de surface, de lutte anti-sous-marine, de guerre aérienne et de frappe, de soutien logistique combiné et d’opérations d’interdiction maritime.

Les États-Unis ont déployé le porte-avions à propulsion nucléaire « USS Dwight D. Eisenhower » et deux destroyers à missiles guidés de la classe « Arleigh Burke » : le « USS Mitscher » et le « USS Porter ». Ce dernier est basé à Rota. Des avions et des hélicoptères de l’US Navy ont participé avec le porte-avions.

Le Maroc a envoyé une frégate de classe SIGMA, le « Tarik Ben Ziyad », un hélicoptère et deux avions de chasse, un F-16 et un F-5, à ces manœuvres.

Le quotidien El País a rapporté le 16 mars que les autorités militaires américaines n’avaient pas informé l’Espagne de l’exercice, de sorte que lorsque les manœuvres ont commencé et que les avions militaires américains et marocains ont commencé à voler à 80 km au nord de l’île de La Palma, les contrôleurs aériens de Gran Canaria ont eu une surprise.

Soudain, de nombreuses traces de vols non identifiés sont apparues sur leurs écrans. Il n’y a pas eu de risque pour la navigation aérienne et aucun avion civil n’a été détourné, mais les contrôleurs espèrent avoir été prévenus de ces manœuvres, afin qu’ils en soient conscients et ne soient pas surpris lorsque les radars ont détecté autant d’avions inconnus près des îles Canaries.

Avant la publication de la nouvelle dans El País, deux députés du Parti Populaire au Congrès, le général à la retraite Fernando Gutiérrez Díaz de Otazu (porte-parole de la Défense) et Valentina Martínez Fierro (porte-parole des Affaires étrangères) ont enregistré une question avec sept questions sur cet exercice du Maroc et des États-Unis près des îles Canaries :

— « Le gouvernement espagnol était-il au courant de la conduite des exercices susmentionnés avant ceux-ci ? ».

— Le gouvernement a-t-il été informé de la conduite de ces exercices par les États-Unis d’Amérique, par le Maroc, par les deux, ou par aucun des deux ?

— Dans l’affirmative, le gouvernement a-t-il transmis la notification de ces exercices aux autorités autonomes ou à la délégation du gouvernement dans les îles ou aux services de contrôle aérien et maritime correspondants dans les îles ?

— Quelles ont été les conséquences sur le déroulement normal du trafic aérien et maritime dans l’environnement immédiat ou proche des îles Canaries suite aux exercices susmentionnés ?

— Dans l’hypothèse où aucune notification préalable n’aurait été reçue et où des incidents seraient survenus dans le déroulement normal du contrôle du trafic aérien et maritime dans le voisinage immédiat des îles Canaries, des demandes d’explications ont-elles été adressées aux autorités américaines ou marocaines concernant l’absence de notification de ces exercices avant leur réalisation ?

— Si des explications ont été demandées, quelle a été la réponse reçue ?

— Comment le gouvernement évalue-t-il les actions des États-Unis et du Maroc par rapport à ces exercices militaires effectués près des îles Canaries ?

Les Affaires étrangères expriment leur préoccupation

Confidencial Digital a consulté la réponse que le gouvernement espagnol a donnée à cette question du Groupe Populaire. À cette occasion, l’exécutif n’évite pas de reconnaître que l’événement a suscité une réaction diplomatique aux États-Unis.

Concrètement, ce que le ministère des Affaires étrangères a fait lorsqu’il a appris l’existence de cet exercice aérien et naval près des îles Canaries, sans que l’Espagne en soit informée, a été de transmettre « au chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis d’Amérique (USA) à Madrid la préoccupation suscitée par la situation créée par le survol d’avions militaires américains dans le terminal de contrôle aérien des îles Canaries ».

Le ministère des Affaires étrangères admet que « bien qu’il n’y avait aucune obligation de le faire » de la part des États-Unis, « il est toujours souhaitable d’assurer la communication et la coordination pour éviter ce type de situation ».

États-Unis : ni coutume ni obligation

La réponse du gouvernement comprend également la réponse de l’ambassade des États-Unis à Madrid à cette plainte. La légation diplomatique s’est défendue en rappelant que lorsque des avions militaires survolent les eaux et l’espace aérien internationaux, ils n’ont ni l’habitude ni l’obligation de communiquer avec les contrôleurs aériens civils.

En outre, elle a fait valoir que les porte-avions, en l’occurrence le « USS Dwight D. Eisenhower », sont dotés de tous les équipements nécessaires pour effectuer le contrôle nécessaire des avions.

L’ambassade a terminé en assurant le ministère des Affaires étrangères que, « en tout état de cause, si une situation s’était produite qui aurait pu mettre la sécurité en danger, elle ferait certainement l’objet d’une enquête ».

Le gouvernement ne donne pas plus de détails sur l’affaire et sur ces frictions diplomatiques. Elle se contente d’ajouter que « la conduite des manœuvres de l’aviation navale Lightning Handshake 2021 entre les États-Unis et le Maroc s’inscrit dans le cadre des relations bilatérales de défense entre deux pays tiers ».

El Confidencial Digital, 28 avr 2021

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