Maroc-Espagne : Les mafias de l’immigration clandestine et les technologies de pointe

La récente expulsion par le Maroc d’une femme de nationalité espagnole, qui dirigeait une ONG, pour ses liens avec les mafias du trafic illégal d’êtres humains, a mis en lumière la stratégie de ces organisations pour s’assurer que les bateaux qu’elles envoient en Espagne sont secourus à temps. La femme en question a appelé personnellement, de manière anonyme, le centre de sauvetage maritime d’Almeria ou de Tarifa (Cadix). Ces derniers temps, des messages ont été envoyés depuis certaines de ces embarcations donnant la position exacte de celles-ci une fois que les crochets des bateaux qui remorquent souvent, mais pas toujours, les cayucos abandonnés à leur sort pour être récupérés par les secours maritimes ou les bateaux des ONG dédiées à ce travail humanitaire ont été coupés.

On sait que les appels anonymes reçus, signalant le départ de petits bateaux du Maroc, sont effectués par les mêmes organisations qui se consacrent au commerce de l’immigration irrégulière, dans le cadre d’une opération logistique complète qui a été perfectionnée. La coordination a été perfectionnée de telle sorte que Salvamento Marítimo est appelé par les proches des personnes se trouvant sur les bateaux envoyés sur la côte espagnole.

L’utilisation habile des nouvelles technologies a permis un changement qualitatif et quantitatif dans le domaine de l’immigration clandestine. Parfois, lorsque des alertes sont reçues, Salvamento Marítimo doit parcourir de longues distances et effectuer des traversées pouvant durer jusqu’à sept heures ou plus pour aller chercher les immigrants près des côtes marocaines ou mauritaniennes. La zone de responsabilité en matière de sauvetage que l’OMI (Organisation maritime internationale) a assignée à l’Espagne couvre un million et demi de mètres carrés, en plus de nos 8 000 kilomètres de côtes.

C’est là que les navires d’action maritime de la marine devraient initialement intervenir, mais le gouvernement les maintient au port. Outre l’utilisation des navires de sauvetage, le gouvernement fournit à la Croix-Rouge, par l’intermédiaire du ministère de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations, des fonds de près de 30 millions d’euros par an pour s’occuper des immigrants qui atteignent les côtes espagnoles. Les experts ont baptisé du nom d' »immigration 2.0″ l’utilisation de téléphones mobiles ou d’appels depuis le point de départ vers le sauvetage maritime espagnol dans le cadre de la logistique des mafias organisées. Lorsqu’un de ces appels avides est reçu, Salvamento Marítimo alerte la marine et les radios afin qu’ils puissent être captés par les navires qui naviguent dans la zone où les bateaux circulent. Dans ces tableaux, une sorte de croisement des positions est établi et les ressources aériennes et autres ressources maritimes sont mobilisées dans la zone.

Dans le cas des îles Canaries, on a appris il y a quelques jours le message envoyé par un immigré donnant la position du bateau dans lequel il voyageait loin des limites des eaux espagnoles. L’Association unifiée des gardes civils (AUGC) dénonce de manière cyclique que l’équipement du soi-disant Système intégré de surveillance externe (SIVE) que le gouvernement de Mariano Rajoy a acheté en 2015 pour couvrir le nord de Lanzarote, continue d’être stocké, sans être monté. Les spécialistes comprennent que l’utilisation de ce radar en action combinée avec les navires d’action maritime dont dispose la Marine, pourrait contrôler le départ des pateras et des chalutiers vers l’archipel des Canaries.

Parmi les effets qui ont surpris les gardes civils qui ont assisté au phénomène de l’immigration clandestine débordante dans les îles Canaries, se trouvaient des téléphones portables de dernière génération, comme on peut le voir sur les photos et un GPS sportif, de ceux utilisés pour le cyclisme ou la randonnée. Dès que les bateaux entrent dans la zone de couverture, ils appellent et donnent leur position et attendent les secours. En outre, les Marocains apportent de l’argent et, généralement, le passeport pour poursuivre leur voyage, ou bien ils le traitent au consulat de leur pays, une fois en Espagne.

La Region, 22 avr 2021

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