La priorité au combat contre le coronavirus, qui a ajourné les autres questions et remisé les problèmes accumulés, pour quelques dossiers, depuis les années 1990, a créé une sorte d’esprit solidaire qui a remis à plus tard l’expression des souffrances, des revendications socioprofessionnelles qui n’ont réellement jamais connu de vraie prise en charge.
Le Covid-19 a imposé une trêve qui semble ne plus tenir devant une demande sociale qui ne peut désormais attendre. Les étincelles des postiers et des pompiers, sans encadrements syndicaux, sont révélatrices du marasme qui mine le monde du travail, et donc la classe moyenne qui, comme le souligne Boualem Amoura du Satef, continue de servir de seconde caisse de réserve pour combler les problèmes de trésorerie du gouvernement. Lorsque les réserves de change sont épuisées, l’Exécutif lorgne sans hésiter la solution facile de la taxation du travailleur. Un travailleur déjà “usé” et au pouvoir d’achat laminé.
Plus grave encore, concernant l’éducation, trois syndicats unis en cette conjoncture ne limitent pas leurs revendications aux questions salariales sur lesquelles ceux qui, comme dit un proverbe bien de chez nous, iront jusqu’à chercher à savoir si les nuages auraient des racines, trouveraient un motif pour cataloguer les enseignants d’égoïstes, dénoncent une attitude “hors ouïe” de la tutelle alors que le sinistre s’est propagé dans tous les compartiments de l’éducation. La preuve, on en est arrivé à ramener les notes de passage à des valeurs inférieures aux normes. C’est comme si on avait fait avec le bac ce qu’on a fait pour le dinar : une dévaluation pour l’adapter à sa réelle valeur.
Et si le ministre qui, pour l’instant n’entend pas les appels, peut trouver une raison financière (absence de budget) pour stopper les échos des augmentations, il n’y a, par contre, aucune raison d’occulter et d’ignorer les questions pédagogiques et organisationnelles censées, selon les syndicats, sauver l’école du naufrage.
À ce point, ce sont les syndicats qui portent le plus ce souci que le ministère. Doit-on alors comprendre qu’à partir du bricolage populiste du BEM et du bac, le ministère n’a nullement l’intention d’amorcer la réforme de l’école souhaitée et proposée par les syndicats ? Eux au moins y tiennent, la revendiquent et protestent pour qu’elle advienne.
L’Expression, 28 avr 2021
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