Hospitalisation du leader du Front Polisario en Espagne : Pourquoi le makhzen enrage

L ’annonce par la presse de l’hospitalisation en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, atteint de la Covid-19, a provoqué la colère du makhzen. Samedi, les autorités marocaines ont convoqué l’ambassadeur espagnol à Rabat pour demander des explications.

Dans un communiqué rendu public dimanche, le MAE marocain a «déploré l’attitude de l’Espagne qui accueille sur son territoire le dénommé Brahim Ghali» et a «exprimé sa déception devant un acte contraire à l’esprit de partenariat et de bon voisinage». Et de s’interroger : «Pourquoi l’Espagne n’a pas jugé utile d’aviser le Maroc de cette hospitalisation ?»

Quel sens donner au communiqué rendu public par le département dirigé par Nasser Bourita ? Un spécialiste du dossier du conflit du Sahara occidental mentionne d’abord que «sur la forme, c’est un document de piètre qualité en dessous de tous les fondamentaux de la diplomatie internationale». Sur le fond, ajoute-t-il, ce document est «typique des relations Maroc/Espagne». Le Maroc rappelle en quelque sorte qu’il peut nuire à son voisin du Nord.

Bref, il menace encore de faire du chantage à l’Espagne. «Le Maroc, jouant sur la carte du robinet de l’émigration qu’il sort à chaque fois, sait que l’Espagne ne supportera pas un flux migratoire dans les conditions sanitaires actuelles», explique la même source qui estime que «le Maroc veut contraindre l’Espagne à faire du lobbying à Bruxelles au côté de la France pour avancer sur la question des territoires sahraouis occupés».

Le même spécialiste relève que les autorités marocaines enragent après la décision de Madrid d’accepter que le chef du Front Polisario se soigne dans un hôpital espagnol, car elles sentent que le vent est en train de tourner.

«Le Maroc sait que l’administration Biden n’ira pas plus loin dans la déclaration de Trump et se contentera de jouer le statu quo et mesure que la carte israélienne ne dépassera pas l’assistance militaire», souligne-t-il. Le Maroc mesure également, selon la même source, que son «retour à l’Union africaine (UA) a atteint ses limites et n’en fera pas sortir la RASD (République arabe sahraouie démocratique)». Bien plus, poursuit-on, «il est maintenant tenu par les décisions de l’UA». Le Maroc paraît «craindre aussi que l’Allemagne candidate sérieuse au Conseil de sécurité fera contrepoids à ses alliés (…)».

La santé de Brahim Ghali en constante amélioration

Le membre du secrétariat national du Front Polisario chargé de l’Europe et de l’Union européenne (UE), Abi Bouchraya El Bachir, a affirmé, dimanche, que la santé du secrétaire général du Front Polisario, hospitalisé après avoir contracté le coronavirus, est en constante amélioration. «La santé du président Ghali est en constante amélioration et je lui souhaite un prompt rétablissement et un retour rapide à son peuple pour poursuivre son commandement en cette circonstance sensible et décisive de notre lutte nationale», a tweeté M. Bouchraya.

Le secrétariat national du Front Polisario a, pour sa part, réaffirmé samedi le nécessaire respect de la légalité internationale dans le règlement du conflit au Sahara occidental et sa mise en œuvre par des démarches concrètes. «La désignation d’un envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU n’est pas une fin en soi.

Il est nécessaire de respecter la légalité internationale et de la mettre en œuvre par des démarches concrètes qui mettent fin à l’occupation par le Maroc de parties du territoire de la RASD et l’obligent à respecter les frontières héritées au lendemain de l’occupation», a rapporté l’Agence de presse sahraouie (SPS), citant un communiqué du bureau permanent du secrétariat national du Front Polisario au terme d’une réunion présidée par le Premier ministre, Bouchraya Beyoun.

Concernant la situation au niveau du front militaire, le bureau a relevé «l’évolution du combat mené par les héros de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) qui font subir des pertes humains et matériels à l’armée d’occupation».

El Watan, 27 avr 2021

Etiquettes : Maroc, Espagne, Brahim Ghali, Sahara Occidental, migration, hospitalisation,

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