Algérie/Casser des oeufs et bousculer les empirismes (Edito du Quotidien d’Oran)

par Abdou BENABBOU


Il ne pourrait en être autrement. Le malaise social généralisé va s’étendre car on voit bien que le pouvoir politique a les mains liées quand bien même il s’en défend bec et ongles. La situation économique est telle qu’il est difficile aujourd’hui de satisfaire l’ensemble des revendications populaires qui se multiplient. Un bizarre statu quo économique et social, impasse figée, s’est installé. La terrifiante pandémie l’a relui d’un vernis indélébile avec l’air de s’installer dans la durée.

Le monde du travail, tous secteurs confondus, ne s’en tient qu’à l’immédiateté pour que ses exigences soient satisfaites sur-le-champ et un pouvoir est soumis à gérer avec peu de moyens des réclamations justifiées. Education, finances, justice, administration et, ironie du sort, même le corps des sapeurs-pompiers censé éteindre les feux se donnent la main pour manifester leur désarroi. Vivre dans la décence et la tranquillité devient hors de portée et le plus pénible dans les données actuelles est que le travailleur comme le chômeur ne se différencient plus dans leurs tracas face aux difficultés de survivance de plus en plus marquées.

L’Algérie nouvelle est en attente. Mais au vu des actes et de la planification gouvernementale, sa programmation se fait dans le long terme. Les dispositions législatives actuelles ne sont pas prises pour parer aux urgences ce qui prête à laisser croire chez une partie de l’opinion publique qu’elles ne sont que littérature de diversion. On a du mal en effet à convaincre un retraité contraint de faire le pied de grue devant la poste que l’avenir est annoncé meilleur. Les quiproquos, les dialogues de sourds, le manque de clarté dans la communication et les malentendus sont sources de mauvaises césures dont le pays n’a pas besoin.

Les remous sociaux vont continuer et les difficultés économiques iront s’accentuer tant que de très courageuses décisions politiques ne sont pas prises. La situation dangereuse actuelle recommande en urgence un véritable deal même si casser des œufs risque de grandement choquer parce qu’il s’agit d’abord de bousculer les empirismes.

Car on est bien obligé de reconnaître qu’il y a obligation d’engager une véritable guerre économique.

Le Quotidien d’Oran, 27 avr 2021

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