par Abdou BENABBOU
Les tensions vécues depuis quelque temps par l’école algérienne ne se résument pas à une histoire d’une quête de meilleures conditions de travail et d’amélioration salariale de la part de l’ensemble de son personnel. Le mal est autrement plus profond et tout indique que l’éducation nationale est à un carrefour où l’esprit libéral joue les gros bras.
La plupart des secteurs d’activités, des plus importants aux secondaires traînent les pieds, de plus en plus mis en porte à faux avec le rythme et la cadence de la vie d’aujourd’hui. Le patchwork des explications est connu. Démographie galopante, bureaucratie affligeante, corruption mordante, les causes d’un charivari social sont les énoncés usités pour expliquer une déroute évidente de la marche de la société d’aujourd’hui. La voie s’élargit de plus en plus pour un retour étrangement en conformité avec des lois naturelles où le coude-à-coude humain, dans la douleur ou dans la joie, est une donnée existentielle essentielle. La théorie des poissons qui se dévorent entre eux n’est pas du tout une idée en l’air et à plusieurs égards tout ce qui vit a des touches ressemblantes malgré des visages dissemblants.
Dans un temps très proche, il ne sera pas incongru d’affirmer que l’école n’existe plus, du moins dans sa carapace désaxée d’aujourd’hui. Pour les enfants algériens, aller à l’école par les temps qui courent s’assimile à une errance obligée pour respecter les mauvaises formes d’une éducation scolaire qui s’oriente vers un formatage imparable. En conquérant y compris dans les garages et les celliers aménagés, l’enseignement privé avance en tenant de la main sa grande sœur, l’indéchiffrable dame santé pour attester qu’un nouveau temps est venu. Tout indique que le reste va suivre et que l’ensemble des différentes turbulences sociales, si elles pointent du doigt les limites flagrantes des gouvernances, elles sont surtout le témoignage de la nécessité imposée aux populations de s’adapter autrement aux nouvelles exigences de la vie.
Les grèves et les sit-in ont leurs limites. Ils apparaissent bien dérisoires pour faire face à la pression qu’exerce de mille et une façons le siècle entrant.
Le Quotidien d’Oran, 26 avr 2021
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