Algérie/ Héraut de la dignité humaine (Edito de Liberté)

Nous te croyions immortel, mais voilà que la mort est passée pour te rendre éternel. Là-haut, au panthéon des héros, tu trouveras enfin le repos. Toi qui n’as eu de cesse de labourer la mer, la terre de cette belle patrie et remuer son ciel, contre vents et marées, pour que la dignité humaine advienne. Toute l’humanité algérienne, sans aucune distinction. Avocat, tu as défendu tout le monde et avec la même fougue. Berbéristes, communistes, islamistes, de gauche, de droite. Tu n’as jamais été un avocat de la terreur, mais un avocat du cœur… et de la raison.

Les injustices t’insupportaient, te révoltaient. “Je défends l’homme, pas son idéologie.” Tu en as fait une philosophie et une conviction. Une éthique. C’est grâce à cela que tu as pu tenir au milieu d’innombrables tempêtes sans jamais renoncer. Tu avais un cœur aussi vaste que l’immensité de cette partie dont le sort t’attristait. Un cœur grand où pouvaient se réfugier celles et ceux qui redoutaient une quelconque injustice.

Tu es cette Algérie douce, ouverte, tolérante et qui protège. Ta maison, dont la porte est toujours restée ouverte à toutes et à tous, était celle de l’Algérie rêvée, chérie et espérée. Un haut lieu de pèlerinage. Portant, tu as été longtemps incompris, toi le héraut des droits de l’Homme. Non pas parce que tu charries des ambiguïtés, mais en raison de ta capacité transcendantale, par ta force à faire tomber des frontières.

Il aura fallu du temps pour que les uns et les autres se rendent compte et finissent par saisir le sens de ton engagement. Dans une sorte de rédemption, ils venaient tous témoigner leur gratitude. Tu les accueillais avec élégance, celle d’un vieil instituteur, d’un défenseur des droits, d’un vétéran du combat libérateur. Celle d’un homme à la simplicité légendaire, à la sensibilité rare. La haine et l’exclusion n’avaient pas droit au chapitre dans “ta Constitution”. Des lourds sacrifices que tu as consentis depuis la nuit coloniale, tu n’en a pas fait un étendard, mais une raison de poursuivre tes combats. Jamais otage du passé, aussi glorieux qu’était le tien, tu étais constamment tourné vers l’avenir. Un avenir que tu voulais immanent. Un avenir que tu as rendu possible. Jusqu’au bout de ton siècle, tu auras été un impénitent combattant.

Tu partiras, triomphant, rejoindre tes anciens compagnons au paradis des braves. Les Algériennes et les Algériens que tu n’as jamais abandonnés t’accompagneront pour ce dernier voyage. Adieu maître !

Liberté, 26 avr 2021

Etiquettes : Algérie, Ali Yahia Abdennour, 

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