Impuissant ou complice? Le Conseil de sécurité de l’ONU a surpris tout son monde en choisissant l’immobilisme, dans le dossier de la décolonisation du Sahara occidental. Ce choix n’a rien de surprenant, en vérité, l’instance onusienne ayant pour habitude de laisser en l’état les questions pour lesquelles il n’y a pas l’ombre d’un consensus.
Les USA ont essayé de proposer un plan destiné à faire bouger les choses mais le Maroc, porté par la France, a rejeté la proposition. Même si la position de Washington est connue, (envoi d’un représentant spécial, reprise des négociations sans condition préalable, etc), le poids des lobbysmes sionistes a, sans doute, pesé sur la décision du Conseil de sécurité de botter en touche et de laisser l’abcès mûrir, plutôt que de révéler au grand jour les affrontements des «pour» et des «contre» la revendication du peuple sahraoui. Les «pour» sont, bien sûr, connus et on peut citer, notamment l’Afrique du Sud, la Russie et de nombreux autres pays. Pour les «contre», exception faite de la France et de l’Espagne, dont le rôle est pour ainsi dire transparent, malgré leur volonté de le garder opaque, les positions sont largement ambiguës, tant leurs grandes entreprises veulent poursuivre le pillage vorace des ressources du peuple sahraoui.
Cependant, les résolutions antérieures et, même, la toute récente qui reconduit la MINURSO dans sa mission virtuelle d’organisation du référendum au Sahara occidental demeurent incontournables, et si le royaume marocain et ses soutiens, visibles et invisibles, continuent de parier sur le statu quo, le Conseil de sécurité ne peut ignorer le risque flagrant d’un embrasement de la sous-région.
En bafouant l’accord de cessez-le-feu de 1991 qu’il a sollicité et paraphé, le Maroc joue un jeu dangereux, compliquant, sans cesse, le dénouement d’un conflit pour la solution duquel le roi Hassan II avait, lui-même, reconnu que le référendum est l’unique voie de sortie de crise. Son héritier cherche-t-il, dés lors, à déclencher un brasier qui verrait, certes, l’Union européenne accourir, toutes voiles dehors, pour éteindre l’incendie, de peur que sa rive méditerranéenne n’en subisse les conséquences? Ce serait là un pari insensé et dont les conséquences vont s’avérer néfastes pour le parieur lui-même.
Le Makhzen qui s’accroche au statu quo n’a pas hésité à ouvrir les portes de la sous- région à l’Etat hébreu dont l’expansionnisme et le bellicisme doivent, fatalement, engendrer un nouveau foyer de tensions, au détriment des peuples maghrébins, dans leur ensemble.
L’Expression, 25 avr 2021
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