Nathalie Bondil, directrice évincée du musée de Montréal, rejoint l’Institut du Monde Arabe à Paris

Sa première tâche au sein de l’institution française sera de développer la programmation et les partenariats internationaux.

Nathalie Bondil, l’ancienne directrice du Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM), évincée l’été dernier à la suite d’une dispute avec le président du conseil d’administration, a été nommée à la tête de la division des musées et des expositions de l’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris.

Géré par la France et 23 États arabes, l’IMA a ouvert ses portes en 1987 sur la rive gauche de la Seine dans un bâtiment conçu par Jean Nouvel. La conservatrice française a été choisie pour y remplir un mandat de trois ans par un jury présidé par Yannick Lintz, directeur du département islamique du musée du Louvre, et composé de Leila Shahid, ancienne ambassadrice de la Palestine à l’Unesco, de l’architecte libanaise Hala Warde et de Laurent Le Bon, directeur du musée Picasso à Paris. Sa nomination à Paris intervient moins d’un an après son licenciement du MMFA, qu’elle poursuit pour licenciement abusif.

« Nous avons choisi Nathalie Bondil en raison de son profil personnel et professionnel, et du travail remarquable qu’elle avait accompli en 13 ans pour élever le statut international du MMFA », explique Claude Mollard, un proche conseiller de Jack Lang, l’ancien ministre français de la culture qui préside l’IMA. L’institut « entend élargir sa présence en France et à l’étranger », ajoute M. Mollard, « et Mme Bondil devra construire les partenariats et le financement de ces projets, ainsi que leur contenu. »

Sa première tâche à l’IMA sera d’étendre et de remodeler le musée et les galeries qui présentent sa collection d’art arabe historique et moderne. Celle-ci comprend les 1 500 œuvres offertes à l’IMA en 2018 par les collectionneurs Claude et France Lemand, ainsi que les nouvelles acquisitions financées par les deux mécènes et les 700 tableaux déjà présents dans la collection du musée. « Le musée pourra alors présenter la plus riche collection d’art arabe moderne et contemporain au monde après Doha », précise Mollard.

L’IMA a intensifié sa programmation internationale ces dernières années, en envoyant l’exposition archéologique Age Old Cities : A Virtual Journey From Palmyra To Mosul, à Bonn, en Allemagne, à Riyad, en Arabie Saoudite et à Washington, DC, ainsi qu’une autre exposition de photographie libanaise à São Paulo. Il y a trois semaines, elle a inauguré une exposition sur l’histoire du train Orient Express aux Gardens by the Bay, le jardin botanique de Singapour, où Lang a signé un accord pour un programme d’expositions de quatre ans. L’IMA prévoit d’ouvrir un hall d’exposition de 2 000 m² dans le parc de Singapour, conçu par Nouvel, et travaille également avec des partenaires arabes sur un projet d’Institut du monde arabe à New York.

Le licenciement de M. Bondil du MMFA en juillet dernier a provoqué un tollé au Canada et en France. Dans la foulée, le président du conseil d’administration du musée a démissionné et, suite à la recommandation d’un audit indépendant, le ministre de la culture du Québec a promis une révision de la gouvernance du musée. M. Bondil a également poursuivi le conseil d’administration du musée pour licenciement abusif et diffamation, et réclame 1,3 million d’euros de dommages et intérêts. Les premières audiences de l’affaire ont eu lieu au début du mois.

The Art Newspaper, 23 avr 2021

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