Des manifestants français réclament un procès pour le tueur d’une femme juive

PARIS (AP) – Des foules se sont rassemblées dimanche à Paris et dans d’autres villes françaises pour dénoncer une décision de la plus haute cour de France selon laquelle le tueur de la femme juive Sarah Halimi n’était pas pénalement responsable et ne pouvait donc pas être jugé.

Des milliers de personnes ont rempli la place du Trocadéro à Paris, en face de la Tour Eiffel, répondant à l’appel d’associations juives, d’organisations luttant contre l’antisémitisme et d’autres groupes qui affirment que justice n’a pas été rendue.

L’annonce que le tueur ne serait pas envoyé au procès a suscité l’indignation de la communauté juive française et internationale.

Halimi, une femme juive de 65 ans, est morte en 2017 après avoir été poussée par la fenêtre de son appartement parisien par son voisin, Kobili Traoré, qui aurait crié « Allahu Akbar » (« Dieu est grand » en arabe). Traoré a reconnu l’avoir poussée.

L’arrêt de la Cour de cassation, rendu au début du mois, a déclaré qu’il y avait suffisamment de preuves pour démontrer que l’acte avait des motifs antisémites.

Cependant, la Cour a déclaré qu’une personne qui a commis un crime alors qu’elle était dans un « état délirant » ne peut être renvoyée devant un tribunal, même si cet état est dû à la consommation habituelle de drogues illégales. Traoré avait l’habitude de fumer de grandes quantités de cannabis.

« Selon les avis unanimes de différents experts en psychiatrie, cet homme présentait au moment des faits un état délirant sévère », a déclaré le tribunal dans un communiqué.

En vertu de la loi française, les personnes ne peuvent pas être tenues pénalement responsables des actions commises alors qu’elles perdent totalement leur jugement ou leur maîtrise de soi en raison d’un trouble psychiatrique.

Depuis la mort d’Halimi, Traoré se trouve dans une unité spécialisée d’un hôpital psychiatrique.

Le président français Emmanuel Macron a appelé à un changement de la loi française dans une interview accordée au journal Le Figaro.

« Décider de prendre des stupéfiants et ensuite ‘devenir fou’ ne devrait pas, à mon avis, supprimer votre responsabilité pénale », a déclaré Macron. Il a également exprimé son soutien à la famille de la victime.

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a tweeté dimanche qu’il présentera fin mai un projet de loi visant à combler un vide juridique dans le droit français concernant les conséquences de l’usage volontaire de drogues.

Associated Press, 25 avr 2021

Etiquettes : France, Sarah Halimi, associations juives, organisations de lutte contre l’antisémitisme, drogue, cannabis, Kobili Traoré, antisémitisme,