L’Union africaine a appelé à la fin du régime militaire au Tchad, dont le président a été tué par des rebelles.
L’armée a immédiatement annoncé que le fils d’Idriss Déby dirigerait un conseil militaire pendant 18 mois avant la tenue d’élections.
L’ancienne puissance coloniale française, qui dispose d’une importante base militaire au Tchad, a semblé soutenir la prise de pouvoir pour des raisons de « stabilité » dans des « circonstances exceptionnelles ».
Les partis d’opposition ont également condamné ce qu’ils ont appelé un « coup dynastique ».
Les syndicats ont appelé à une grève générale, tandis que le groupe rebelle Fact a déclaré que le Tchad n’était « pas une monarchie ».
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a exprimé sa « grave préoccupation » au sujet de la prise de pouvoir militaire qui a placé le général Mahamat Déby Itno, 37 ans, à la tête du pays et a entraîné la dissolution du Parlement.
Les 15 membres de l’organe de sécurité de l’UA ont discuté de la situation jeudi, mais ont attendu les funérailles de Déby vendredi pour publier leur déclaration.
Il a déclaré que le pouvoir devait être restitué aux autorités civiles « rapidement ».
Selon la Constitution, le président du Parlement doit prendre le relais en cas de décès du président et organiser de nouvelles élections.
Déby, 68 ans, venait d’être élu pour un sixième mandat lorsque l’armée a annoncé mardi qu’il avait été mortellement blessé lors d’un affrontement avec des combattants rebelles de Fact dans la région du Kanem, dans le nord du pays.
Il était un allié clé de la France dans la lutte contre les groupes djihadistes à travers l’Afrique de l’Ouest et le président français Emmanuel Macron était parmi les dirigeants étrangers et des milliers de Tchadiens qui ont rendu hommage à ses funérailles.
Debout à côté du cercueil de Déby, M. Macron a déclaré : « Vous avez vécu comme un soldat, vous êtes mort comme un soldat, les armes à la main. Vous avez donné votre vie pour le Tchad en défendant ses citoyens ».
Pendant son séjour au Tchad, M. Macron s’est entretenu avec le général Mahamat Déby Itno, ainsi qu’avec les dirigeants du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, qui luttent tous contre divers groupes islamistes, dont certains sont liés à Al-Qaïda et d’autres au groupe État islamique.
Les divisions militaires annoncent des débuts fragiles
Analyse de Lalla Sy, BBC News
Le président tchadien était l’un des plus anciens dirigeants d’Afrique et un proche allié des puissances occidentales, notamment de la France.
Le soutien apporté au président Idriss Déby – officiellement destiné à lutter contre les groupes rebelles et les militants islamistes en Afrique de l’Ouest et du Centre – consistait à fournir des renseignements à l’armée tchadienne, à assurer une surveillance aérienne, voire à protéger des points stratégiques pour l’armée tchadienne.
La présence d’une armée étrangère n’est jamais bien accueillie par la population locale, surtout lorsqu’il s’agit de soldats de l’ancienne puissance coloniale.
L’idée que la France maintient délibérément un certain chaos dans la région pour défendre ses intérêts est partagée par beaucoup.
Mais les divisions au sein de l’armée tchadienne – qui ne soutient que partiellement le nouveau dirigeant alors que les rebelles le rejettent catégoriquement – font craindre une instabilité alors que s’amorce une transition fragile.
BBC Africa, 24 avr 2021
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