La réunion de mercredi dernier du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara occidental vient de consacrer définitivement sa paralysie et son refus d’imposer le droit international dans cette région. Alors que la communauté internationale s’attendait à une réaction objective des Nations unies aux tensions actuelles, voilà que son Conseil de sécurité se fourvoie dans l’inaction, se montrant aveugle et muet sur les violations et les abus commis par une force d’occupation étrangère.
Alors que le peuple sahraoui espérait que cette réunion débouche sur du concret, sur des résultats tangibles permettant d’ouvrir une nouvelle perspective de paix, voilà qu’elle favorise plutôt le statuquo, le gel de toutes les volontés de paix et la perpétuation d’une situation inquiétante.
Finalement, cette réunion est symptomatique de l’échec assumé de l’ONU dans un processus de décolonisation entamé depuis les années soixante du siècle dernier. Sinon comment expliquer le silence flagrant du Conseil de sécurité sur l’agression militaire marocaine du 13 novembre dernier à El Guerguerat dans le sud ouest du Sahara occidental, alors qu’il s’agissait d’une violation du couvre feu signé sous les auspices de l’ONU en 1991.
Mais que s’est il passé au cours de cette réunion ou briefing tenue à huis-clos? Au départ, après les premiers “rapports”, la délégation américaine à l’ONU a présenté un projet de déclaration appelant à “éviter l’escalade” et à accélérer la nomination d’un nouvel émissaire pour le Sahara Occidental. La déclaration a été rejetée par des membres du Conseil, estimant qu’elle était “contreproductive”.
Lors des interventions à la réunion, la Russie a condamné la décision de l’ex-président américain Donald Trump de reconnaitre unilatéralement la prétendue “souveraineté” du Maroc sur le Sahara occidental et a demandé aux Etats-Unis de l’annuler. Quant à lui, le Kenya a vigoureusement défendu la médiation de l’Union africaine (UA). Sur Twitter, l’Irlande, membre non permanent du Conseil de sécurité, a affirmé son plein appui au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
D’autres pays, membres non permanents, ont également manifesté leur plein appui à une solution juste, durable et mutuellement acceptable garantissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Pour le Polisario, le refus de prendre des mesures contre l’occupant ouvre la porte à l’escalade de la guerre, regrettant que le Conseil de sécurité ait raté une autre occasion de remettre les pendules à l’heure et de tenir le Maroc pleinement responsable des graves conséquences de sa violation du cessez le feu de 1991 et de l’accord militaire N°1.
A l’issue de ce briefing, le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies (ONU), Sidi Mohamed Omar, a déploré, le fait que Conseil de sécurité “ait opté pour l’inaction et n’ait réalisé aucun résultat tangible”.
“Le Conseil de sécurité n’a pas non plus abordé la détérioration alarmante de la situation au Sahara occidental occupé, où les autorités d’occupation marocaines persistent dans leurs tentatives d’imposer par la force un fait accompli dans le territoire, tout en intensifiant leurs pratiques répressives et de représailles contre les civils sahraouis sous les yeux de la mission de paix de l’ONU (Minurso)”, a-t-il également regretté.
S’agissant des démarches pour nommer un nouvel émissaire onusien “afin de relancer dès que possible un processus politique bloqué”, le Polisario estime que cela n’est pas une fin en soi: “Ce n’est qu’un moyen de faciliter un processus de paix limité dans le temps”.
Autrement dit, la nomination d’un émissaire ne constitue en aucun cas la solution absolue. Les preuves en sont les entraves dressées devant les différents émissaires par le Maroc. Quatre envoyés personnels et quinze représentants spéciaux du secrétaire général des Nations unies ont jusqu’à présent été impliqués dans diverses étapes du processus de paix des Nations unies au Sahara occidental. Cependant, “le Maroc a réussi, en toute impunité, à transformer ces efforts de médiation en missions impossibles à travers sa procrastination et son obstructionnisme délibéré”, a souligné le Front Polisario.
A cet effet, le Front Polisario s’est dit ” déterminé” à coopérer avec l’UA et les Nations Unies en vue de parvenir à une solution pacifique, juste et durable pour la décolonisation du Sahara occidental fondée sur l’exercice libre et démocratique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable et non négociable à l’autodétermination et à l’indépendance.
Le Jeune Indépendant, 24 avr 2021
Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, ONU, MINURSO, Conseil de Sécurité,