Documents Exclusifs – La BMCE, Troisième Banque Du Maroc au Bord de l’Effondrement !

Algeriepart avait publié à la fin du mois de Janvier 2021 une enquête AttijariWafa Bank Europe, filiale du groupe bancaire marocain Attijariwafa Bank dont l’actionnaire de référence est la Holding Al Mada, propriété de la famille Royale marocaine. Cette banque avait été sanctionnée par les autorités bancaires françaises, pour des opérations violant les règles de blanchiment d’argent et de financement de terrorisme.

Ce n’est malheureusement là pas un cas isolé. En effet, le réseau bancaire marocain ne cesse d’être pointé du doigt par la Justice et les autorités financières internationales pour son implication dans des affaires d’évasion fiscale, de blanchiment d’argent et de corruption, quand ce ne sont pas de graves accusations de manquements en matière de contrôle interne et de Lutte Contre le Blanchiment et le Financement du Terrorisme (LCB-FT). En exemple, la BMCE, troisième banque du Royaume. Qu’on en juge !

L’ancien ambassadeur de France à Rome et à l’ONU, s’était reconverti dans les affaires privées après avoir quitté la diplomatie à l’âge 62 ans. Représentant permanent de la France auprès du Conseil de sécurité pendant quatre ans et demi, Jean-Bernard Mérimée était au début de l’an 2000, conseiller diplomatique d’Othman Benjelloun, président de la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE).

Cet ex-Ambassadeur de France au Maroc, entre 1987 et 1991, va jouer les intermédiaires auprès du vice-ministre de Saddam Hussein pour le compte de la BMCE, qui avait des créances en Irak s’élevant à plus de 22 Millions de Dollars et cherchait à les recouvrir. Sauf que le conseiller de la banque marocaine, va vendre une partie des barils de pétrole promis au remboursement la BMCE, dans le cadre du programme « pétrole contre nourriture ». Le représentant d’Othman Benjelloun va percevoir une commission de plus de 150.000 Dollars qu’il déposera sur les comptes de la BMCE… Il sera mis en examen et inculpé pour trafic d’influence et corruption active de fonctionnaires irakiens. Malgré sa relaxe par jugement du tribunal de grande instance de Paris le 28 juillet 2013, il sera condamné en d’appel le 26 février 2016, à 50.000 euros d’amende…

La BMCE, principale banque commerciale du Maroc fondée en 1959 et implantée dans 31 pays dont 20 situés en Afrique, a également été condamnée, en 2017, à payer au fisc un montant 90 millions de dollars pour les exercices couvrant la période 2012-2015, pour des actes relevant de l’évasion fiscale.

En 2018, deux hommes d’affaires nord-coréens ont créé une entreprise de construction en République démocratique du Congo (RDC). Ils ont participé à des opérations qui allaient à l’encontre des sanctions de l’Union européenne, de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et des États-Unis.

Malgré de strictes interdictions internationales, la BMCE Bank International a ouvert à ces personnes un compte bancaire professionnel et leur a permis de déplacer à l’international les fonds publics accordés par la RDC, manquant ainsi clairement au devoir de vigilance bancaire, tout en exposant le système financier international à des risques importants.

En effet dès 2017, le gouvernement américain avait tenté d’empêcher la Corée du Nord d’accéder à des fonds pour financer son programme d’armes de destruction massive, en interdisant aux banques de fournir des services bancaires en dollars américains à des entreprises contrôlées par des Nord-Coréens, sous peine de sanctions sévères.

Initialement, BMCE Bank International, dont les sièges sont à Londres et Paris, est une filiale de la BMCE créée en 2007 sous le nom de MediCapital Bank et spécialisée dans l’investissement, le financement et le développement du commerce extérieur liés aux opportunités africaines.

Ayant changé de dénomination au mois de Mars 2020, la BMCE devient BANK of Africa, et continue à activer à l’étranger à travers sa filiale BMCE EuroServices SA, qui serait, selon nos informations, au bord du gouffre et de la fermeture à cause d’une gestion catastrophique ayant pour origine le recours à des pratiques illégales. Qu’on en juge !

Au mois de Juin 2020, l’autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a infligé un blâme à la BMCE Bank Of Africa, pour défaut de contrôle de la conformité avec les stipulations du Règlement de Gestion et les dispositions de la loi sur certaines opérations impactant les liquidités d’un organisme de placement collectif en capital (OPCC), pour défaut de contrôle de la régularité des bulletins de souscription aux parts de l’OPCC, pour retard de création et de livraison des parts de l’OPCC aux porteurs et pour non-respect du devoir d’informer l’AMMC, sans délai, des irrégularités relevées.

A la fin de l’année 2020, un communiqué est diffusé par les autorités espagnoles suite à une opération de contrôle effectuée précédemment sur la branche espagnole de la Bank of Africa, BMCE Bank International. Celle-ci avait alors été sanctionnée, ainsi que plusieurs de ses dirigeants dont son Président Monsieur Othman Benjelloun en sa qualité de membre du Conseil d’Administration de la troisième banque du Royaume du Maroc, d’une amende globale de 1,67 million €. Une somme que la banque s’est bien gardée de signaler dans ses communications financières et auprès de sa clientèle !

Parmi les motifs reprochés à la filiale espagnole du groupe bancaire marocain, on retrouve la récurrente cause et grave infraction de : manquements dans la structure de contrôle interne !

Depuis, 3 succursales de BMCE Bank International en Espagne installées dans les villes de Crevillente, Tarragone et Malaga, ont entamé le 17 Février 2021, une fermeture partielle avec réduction du personnel, en vue de la fermeture définitive qui devrait avoir lieu fin février 2021…

Il faut dire que les autorités espagnoles avaient demandé à de nombreuses fois à la Banque de Othmane Benjelloun de respecter les critères d’aptitude applicables aux membres des organes de direction, aux directeurs généraux et aux postes similaires, et aux autres personnes occupant des postes clés pour l’exercice de l’activité de l’établissement de crédit, et de respecter les règles de gouvernement d’entreprise et politique de rémunération cadrés par les lois et règlements espagnols.

En ligne de mire, la gestion hasardeuse de Mohamed Afrine, que le conseil d’administration de la BMCE BANK avait alors nommé en mars 2018 à la tête de la BMCE EuroServices SA, non sans controverses ! En effet, Mohammed Afrine, né le 02 Décembre 1970 à Ait Alla au Maroc et ex Directeur General de la BMCE BANK International à Londres, était selon nos sources, accusé de passe-droits, favoritisme, régionalisme, copinage ou encore discrimination envers les employés de la Banque.

« Il a fait travailler un membre de sa famille proche sans diplômes, sans expérience commerciale ou bancaire en tant que chargé de clientèle avec un salaire hors grille et des avantages en nature que même des BAC+6 en finance et 10 ans d’ancienneté n’auront jamais ! Les clients se plaignent de lui, il ne rapporte rien à la banque mais perçoit un salaire net souvent supérieur à celui d’un directeur d’agence ! » Nous a révélé une source interne.

Les salariés actifs que nous avons pu interroger sont tous déçus de n’avoir pas pu accéder aux postes de remplacement à l’issue de nombreux départs, volontaires ou pas, conséquence de la gestion catastrophique du nouveau directeur, ayant réussi à n’instaurer que la peur et l’omerta !

« Si tu ne vas pas le vendredi à la mosquée avec lui, tu deviens une cible, dans sa ligne de mire […] Ici au siège, il doit y avoir au maximum 3 à 5 personnes à l’heure de la prière. Tout le monde s’est découvert Musulman les vendredis midi… Pas grave s’ils posent des bouteilles d’alcool en boîte le soir même, Mohammed Afrine ne le saura pas… » nous a confié un salarié souhaitant garder l’anonymat.

Mais le plus surprenant reste toutefois le fait que l’entreprise BMCE EuroServices SA, qui a débuté son activité en 2013 en France, n’était même pas référencée ou agrée en qualité de banque en France ! De même, la vente et la commercialisation d’assurances par BMCE EuroServices SA est exercée sans aucune autorisation en qualité d’intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement (IOBSP), violant ainsi la réglementation du Code monétaire et financier français.

La filiale de la BMCE n’est pas non plus présente sur le fichier de l’ORIAS reprenant les établissements agréés ou référencés, pourtant elle se permet impunément de vendre et commercialiser des assurances malgré de nombreuse alertes de salariés et d’un collectif d’anciens salariés auprès des autorités telles que la Banque de France ou l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), organe de supervision français de la banque et de l’assurance !

Cette incroyable information a été confirmée dans un courrier daté du 06 Aout 2020, signé par la Présidente de la commission paritaire de la Banque, Mme Emmanuelle Rouillon Petersen qui écrit « Après vérification, nous vous précisons que BMCE EuroServices n’est pas une entreprise agréée en qualité de banque, en application de l’article L 511- 9 du Code monétaire et financier… ». Effarant !

Nous avons tenté de joindre Mohamed Afrine, pour avoir sa version des faits ici exposé et lui demander de nous apporter la preuve d’un lien juridique reconnu en Europe, liant BMCE EuroServices à BMCE Bank Of Africa. Nos tentatives sont restées vaines, mais l’actualité nous a donné quelques éléments de réponses !

En effet, la Banque Centrale de Belgique avait ordonné à BMCE EuroServices en 2019 de ne plus assurer une intermédiation bancaire pour le Maroc ni vendre d’assurances, message repris par la Banque des Pays Bas, la Banque d’Italie ou la Banque Fédérale d’Allemagne…

Aussi, ne pouvant se conformer aux règles et lois européennes, l’ex BMCE a été contrainte d’entamer la fermeture de certaines de ses agences à l’étranger, mettant ainsi plusieurs centaines de salariés au chômage, contraignant également ses clients à se tourner vers d’autres banques…

Soulignons que plusieurs clients avaient commencé à douter du professionnalisme de la banque marocaine lorsqu’au courant de l’été 2019, le groupe français Crédit Mutuel/CIC, partenaire et actionnaire de la BMCE, avait mis fin au traitement des opérations de transferts par TPE ainsi que les transferts par prélèvements automatiques !

Un accord avait alors été signé avec la banque espagnole, Banco Santander, pour la reprise du traitement des transferts par TPE et prélèvements automatiques. Cependant, la Banco Santander qui était sous les projecteurs de la BCE (Banque Centrale Européenne) semblait elle aussi sur le point de rompre son contrat avec la BMCE.

Selon nos informations, Bank of Africa avait réussi à signer un nouvel accord fin 2019 avec le groupe français Natixis ; ce dernier ayant appris tardivement que l’ex BMCE offrait illégalement des services d’intermédiation bancaire et assurancielle pour l’Afrique, a donné délais pour que la banque marocaine trouve un nouveau partenaire avant le mois de Juin 2021 !

Un malheur n’arrivant jamais seul, à la fin de l’année 2020, Assurances du Crédit Mutuel Vie SA, filiale du groupe français BFCM, s’était désengagé de la Royale marocaine d’assurance, propriété de la BMCE Bank of Africa, et avait décidé de revoir « son horizon d’investissement dans la banque contrôlée par Othman Benjelloun, à la suite de désaccords sur la stratégie à adopter » !

Nous avons contacté la direction du Groupe Crédit Mutuel /CIC, en sa qualité de partenaire et d’actionnaire de l’établissement bancaire marocain Bank Of Africa, pour avoirs leur point de vue, ces derniers nous ont confirmé les informations ici reportées, mais n’ont pas souhaité commenter leur décision de retrait stratégique.

Avec la crise sanitaire du Covid-19 et ses déboires à l’étranger, la position financière de la banque marocaine est on ne peut plus critique, pressant le Président de la banque Othman Benjelloun à vite trouver du cash, au risque de voir ses clients retirer toute confiance à la Bank Of Africa…

Rappelons qu’au mois de juin 2019, le groupe gouvernemental britannique Commonwealth Development Corporation (CDC Group Plc), détenu à 100% par le gouvernement du Royaume-Uni, avait déjà acquis 5 % du capital de la banque marocaine en déboursant 1,9 milliard de dirhams. Cet apport avait alors servi à combler l’impact négatif de la réforme IFRS 9, qui avait impacté le classement et l’évaluation des actifs financiers de la banque !

Selon un contact au sein du conseil d’administration, la banque marocaine Bank Of Africa qui a vu ses résultats baisser de plus de 43% en 2020, est à la recherche d’investisseurs capables d’injecter un minimum de 2 Milliards de Dirhams, (équivalent à 200 Millions d’Euros), nécessaires à son besoin de financements et son fond propre…

C’est ce qui explique que la banque ait vu sa note sur les perspectives révisée à la baisse par l’agence de notation financière FITCH, passant de stable à négative, en raison des doutes sur la solvabilité des filiales internationales.

Le 15 Février 2021, Fitch a affirmé que le ratio des prêts douteux de la banque, qui s’établissait à la fin du premier semestre 2020 à 9,5%, s’est progressivement dégradé ces dernières années et est supérieur à celui des autres établissements bancaires marocains. Le ratio de prêts improductifs est en outre plus élevé dans les opérations africaines de la Bank Of Africa, ce qui pèse sur l’évaluation de la qualité des actifs, estime également l’agence de notations basée au Royaume-Uni.

Aussi, l’accélération et la mise en place d’un plan social bien orchestré chez BMCE EuroServices en France début 2021 ainsi que le processus de réduction excessif des couts, sont autant d’indications qui tendent à prouver que « la maison mère » est au bord de l’asphyxie et qu’elle n’agirait plus que pour sa seule survie.

Ces signes et indices économiques sont en général les prémices d’une banqueroute, et quand il s’agit d’un établissement bancaire, ce sont toujours les employés et les clients qui sont pénalisés. Les voilà aujourd’hui avisés !

Bachir Outaghani

Algérie Part Plus, 24 fév 2021

Etiquettes : Maroc, BMCE, Banque Marocaine de Commerce Extérieur, Al Mada, Holding royal, blanchiment d’argent, fraude,