Rabat, 22 avr. (EFE) – Les pays du Maghreb et du Sahel jouent le rôle de « gendarmes de l’Union européenne » en matière de migration, notamment « en termes de militarisation et d’externalisation des frontières », ont dénoncé aujourd’hui six organisations de défense des droits des migrants dans une déclaration commune.
Les organisations, basées au Maroc, au Niger, au Mali et en Europe, ont rédigé leur communiqué en réponse aux campagnes d' »arrestations arbitraires et d’expulsions à chaud » de migrants, actuellement en cours, et pour dénoncer « les conditions inhumaines et les situations précaires et dangereuses » dans lesquelles vivent les migrants en Algérie, en Libye, au Maroc, en Tunisie et au Niger.
La situation la plus grave est celle de l’Algérie, où depuis le début de l’année les ONG ont documenté l’expulsion de 3779 personnes vers le Niger (il y en avait 22 631 en 2020) ; le plus inquiétant est que les expulsions ont lieu en plein désert, les migrants étant abandonnés à la frontière et devant ensuite marcher des dizaines de kilomètres jusqu’au premier endroit habité.
En Libye, au cours du seul mois de février, 3 400 migrants ont été expulsés après avoir été interceptés dans les eaux méditerranéennes « avec la complicité de l’agence européenne Frontex » ; en outre, ceux qui ne sont pas expulsés sont détenus dans des centres de détention où règnent « la surpopulation, le manque de nourriture et d’eau et de fréquents mauvais traitements ».
Quant au Maroc, les signataires critiquent le fait que l’État dépense » les millions d’euros » qu’il reçoit de l’UE pour assurer » le succès de ses opérations d’expulsion de migrants, que ce soit vers la frontière avec l’Algérie ou vers les pays du Sahel « , expulsions qui se font » dans des conditions inhumaines et désastreuses, en violation de tous leurs droits « .
Les migrants à Tunis seraient victimes d’une série d’agressions spécifiques à l’encontre des Africains subsahariens installés dans les quartiers pauvres du nord de la capitale, qui ont également perdu leur emploi en raison de la crise provoquée par le covid, ce qui les conduit à tenter encore et encore la dangereuse traversée de la Méditerranée vers l’Italie.
Enfin, le communiqué fait également référence à la situation des migrants au Niger, un pays considéré comme le centre du Sahel à partir duquel se » distribue » le trafic de migrants subsahariens vers le Nord ; les signataires soulignent le rôle que Frontex et l’Organisation internationale pour les migrations peuvent avoir dans la consolidation des » ghettos de migrants » dans la région d’Agadez.
Après avoir dénoncé la collusion entre l’UE et les pays précités, les signataires réclament enfin « une liberté totale de circulation et d’installation » pour tous les migrants. EFE
Swissinfo, 22 avr 2021
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