Pédocriminalité : l’Église catholique assume “sa responsabilité” et demande “pardon”

L’assemblée plénière de la Conférence des évêques de France a débouché sur neuf mesures destinées à lutter contre la pédocriminalité et à venir en aide aux victimes.

La Conférence des évêques (CEF) a annoncé la volonté de l’Église catholique d’“assumer sa responsabilité devant la société en demandant pardon” pour les crimes de pédophilie commis par ses membres. Une longue lettre, publiée sur Internet, liste neuf mesures destinées à lutter contre la pédocriminalité et à accompagner les victimes dans leur processus de reconstruction. Le secours financier est l’une des plus médiatisées. Il passera par une instance d’assistance indépendante, qui attribuera un montant variable aux victimes. Une manière de reconnaître leur statut et de les aider à faire face aux frais de thérapie, notamment. Mais cette mesure divise les victimes, contrairement à la construction d’un mémorial, sans doute à Lourdes. Cette dernière disposition permettra, quant à elle, de “garder vive la mémoire des faits commis”. Le lieu aura aussi pour vocation de “former les générations futures à la vigilance sur les dérives possibles du pouvoir spirituel”.

Former pour mieux lutter contre la pédocriminalité

Jacques Blacquart, évêque d’Orléans et pionnier en matière de lutte contre la pédophilie “espérait” de telles mesures. “La lettre est un texte fondamental, qui marque une étape pour rendre l’Église plus sûre”, explique celui qui a mis en place une cellule d’écoute des victimes dès 2014. Pour lui, l’amélioration de la formation initiale et continue des prêtres et de tous les acteurs pastoraux, surtout ceux et celles qui travaillent auprès des jeunes, “est une question capitale !” Il juge essentiel de proposer des séances d’éducation affective, relationnelle et sexuelle (EARS). “Là, on est en panne. Je pense que les jeunes d’aujourd’hui crèvent de ne pas savoir ce que c’est que d’aimer.” Pour l’évêque, cela ne fait pas un pli : “Derrière la pédocriminalité, la question fondamentale est, pour chacun d’entre nous, celle de ses relations. De la relation à soi-même, aux autres, à Dieu”.

Ne rien lâcher pour les mesures soient appliquées

Pour renforcer ces procédures de justice canonique, la CEF a aussi décidé de mettre en place un tribunal pénal au niveau national pour agir avec plus d’efficacité. Certains diocèses vont même plus loin. Ils sont une quinzaine à avoir signé des protocoles avec des parquets. “En tant qu’évêque, cela me montre que je peux m’appuyer sur des instances indépendantes”, précise Jacques Blacquart, qui s’est rapproché des procureurs de Montargis et d’Orléans.

Membre du collectif de victimes Foi et résilience, Véronique Garnier se dit “agréablement surprise” par les annonces faites. Il faut croire que le dialogue a fini par payer. En février, à l’occasion de l’assemblée plénière extraordinaire de la Conférence des évêques à laquelle le collectif était convié, les religieux semblaient peu enclins à prendre de telles décisions. Pour autant, le collectif sait qu’il a encore du pain sur la planche et compte bien “talonner” les évêques pour que les mesures soient appliquées.

Réforme, 21 avr 2021

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