Le spectre d’une troisième vague de l’épidémie de la Covid en Algérie « pointe son nez », prévient le Pr Riad Mokretar, chef du service anesthésie-réanimation au CHU Béni Messous à Alger.
Comment la situation épidémiologique de la Covid-19 stable s’est-elle traduite au sein du CHU de Béni Messous ?
La stabilité de la situation épidémiologique dans notre pays, depuis plusieurs semaines, qui s’est traduite par une courbe plate de l’incidence des infections Covid, a permis dans notre CHU comme ailleurs, la reprise des activités médicales et notamment chirurgicales qui étaient gelées durant la précédente vague.
Comment expliquez-vous l’accalmie sur le front épidémique en Algérie ?
Les hypothèses avancées comme l’immunité collective, l’absence d’une grande circulation de variants dans notre pays, du fait notamment des aéroports fermés, restent à démontrer.
Aujourd’hui, seul le service de réanimation reste totalement dédié à la prise en charge des patients Covid, alors que d’autres services le font en parallèle de leurs activités originelles.
Un rebond des contaminations au Covid est enregistré ces derniers jours en Algérie. Qu’en est-il dans votre CHU ?
On constate depuis quelques jours une hausse relative de l’incidence des infections qui se traduit par une augmentation des hospitalisations, notamment dans les services de pneumologie et de réanimation.
Si on en restait là, je dirais que la situation est maîtrisée, mais préoccupante. Le dispositif flexible qu’on a mis en place pour la prise en charge des malades Covid peut être réactivé à tout moment, en cas de hausse significative des hospitalisations.
Craignez-vous une 3e vague de l’épidémie en Algérie ?
Personne ne souhaite la 3e vague dont le spectre commence à pointer du nez. Il serait malvenu au moment où les personnels soignants épuisés physiquement et psychologiquement, commencent à peine à souffler grâce à cette stabilité.
Pour les équipes d’anesthésie-réanimation, par exemple, au moment où on soufflait du Covid, on est reparti sur une relance intensive des activités chirurgicales avec des équipes qui n’ont pour la plupart pas pris de congés durant une année. Ce n’est donc pas le moment de repartir vers une 3e vague.
Que préconisez-vous pour éviter ce scénario catastrophe ?
On a tiré la sonnette d’alarme avec d’autres confrères depuis au moins trois semaines, pour pointer du doigt le grand relâchement quant au respect des mesures préventives, notamment dans les lieux de grands rassemblements (familles, cafés, commerces, etc.).
C’est plus que jamais nécessaire de relancer les campagnes de sensibilisation de façon intensive, et de rappeler à nos concitoyens les mesures barrières, de revenir aux mesures coercitives et aux sanctions quant au port du masque et la distanciation sociale.
Si on continue dans ce laxisme, il n’est pas écarté, même si personne ne le souhaite, de voir une 3e vague se pointer. C’est ce qu’on observe dans les pays étrangers, en Europe, aux États-Unis, en Amérique latine, et même dans les pays voisins.
Quel est votre message aux citoyens qui n’observent plus les mesures barrières contre la Covid-19 ?
Il est plus que jamais nécessaire de rappeler à nos concitoyens que seul le respect des mesures barrières (port du masque, distanciation) permet de bloquer significativement la circulation du virus et de ses variants.
Dans le monde, on n’a pas encore de réponse quant aux variants. Au moment où le taux des personnes vaccinées reste très insuffisant dans notre pays, le salut passe par le retour au respect de ces mesures et à les faire respecter.
TSA-Algérie, 21 avr 2021
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