Condamnation de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd : Justice est faite?

La vidéo du meurtre de George Floyd le 25 mai 2020 a fait le tour du monde. Les images de ce lynchage ne durent pas quelques secondes. Elles durent plus de neuf longues terribles minutes
Vingt-six millions de personnes sont descendues dans la rue suite à ce meurtre, le plus grand mouvement contre le racisme et les violences policières que les États-Unis aient connu.

Ce mouvement ne s’est pas limité à exiger des améliorations du comportement de la police, il a surtout exigé le démantèlement (Defund, Divest, Abolish) de ce système violent qu’est la police.

Les séances du procès ont été diffusées jour et nuit à la télévision. Trente-huit témoins de la scène de meurtre sont venus témoigner contre Chauvin ; des experts médicaux ont confirmé que c’est bien le genou de Chauvin qui a provoqué l’étouffement et la mort. Le chef de la police de Minneapolis a témoigné contre son propre policier. Quelques heures avant le verdict, le président Biden a déclaré que les preuves contre Chauvin étaient « accablantes ».

Il aurait fallu être sourd et aveugle pour ne pas voir et entendre les mots répétés seize fois par George Floyd I can’t breathe! et ne pas conclure à la culpabilité totale de Chauvin.

Et pourtant, le monde entier retenait son souffle. L’impunité de la police est tellement ancrée dans le système que la crainte que Chauvin s’en sorte libre était bien présente.

Selon l’organisation Mapping the police violence, 99% des policiers impliqués dans des meurtres pendant leur fonction n’ont même pas été inculpés.

Mais cette fois, non. Chauvin a été déclaré coupable sur toute la ligne : meurtre, homicide involontaire et violence intentionnelle entraînant la mort. Il faudra encore attendre quelques semaines pour connaître la peine et Chauvin peut toujours faire appel.

C’est une victoire incontestable du mouvement Black Lives Matter qui a ébranlé tout le système.

Dès le premier jour, le jour où Chauvin a été arrêté et inculpé sous la pression du mouvement, après avoir été mis en congés payés par ses supérieurs «dans l’attente de l’enquête sur un incident médical». Jusqu’au jour du verdict, qui l’a reconnu coupable dans tous les actes d’accusation.

L’institution violente qu’est la police reste toutefois hors de portée

À la fin de sa plaidoirie, le parquet avait déclaré que ce procès n’avait «pas pour objet de poursuivre la police», et que «être policier est une profession noble». Chauvin avait précisément fait honte à cette noble profession.

Il avait à peine prononcé ces paroles que, un jour plus tard et une heure avant le verdict sur Chauvin, le département de police de Columbus a tiré et tué Ma’Khia Bryant, une jeune fille de 16 ans.

Pendant que se déroulait le procès du meurtre de Floyd, «la police américaine a tué 64 personnes au total», selon les chiffres établis par la journaliste Samanta Helou-Hernandez. Cela inclut Daunte Wright, juste à l’extérieur de Minneapolis, et Adam Toledo, un garçon de 13 ans, mains en l’air lorsqu’il a été abattu par la police de Chicago!

En cette période pascale, Chauvin ne sera-t-il que l’agneau sacrifié pour sauver le système? L’organisation Dream Defenders, parmi tant d’autres, a écrit ce qui suit en réponse à la question: «Notre force réside dans notre voix collective. Nous voulons une vraie sécurité dans nos villes, nos communautés, nos écoles, nos maisons, nos lieux de travail. Rien ne nous ramènera George Floyd. La vraie justice ne viendra que lorsque l’investissement dans nos communautés sera mis en place et que les systèmes de violence étatique qui nous détruisent seront balayés.»

Luk Vervaet, 21 avril 2021

Etiquettes : George Floyd, Etats-Unis, violences policières, Derek Chauvin,

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