Faut-il ouvrir les frontières ou non ? La situation sanitaire le permet-elle ? Le débat est encore une fois relancé alors que les appels des Algériens de l’étranger se multiplient à la faveur d’une ouverture des frontières de l’Algérie, «strictement» fermées, notamment depuis le 1er mars passé, avec la suspension des vols de rapatriement.
Le président de la République est interpellé sur la question par des associations. La Coordination des associations de la société civile de l’immigration algérienne et des cadres algériens à l’étranger et en Algérie a en effet écrit une lettre au président Tebboune, demandant l’ouverture des frontières du pays, fermées depuis 13 mois maintenant.
On évoque dans cette lettre les mesures adoptées à travers le monde et qui permettent, depuis longtemps déjà, la circulation aérienne, à l’instar de la vaccination, des tests PCR et d’une période d’isolement.
Dans cette lettre est lancé un appel au président de la République algérienne d’«autoriser ses concitoyens de l’étranger à rentrer au pays», affirmant que «ses équipes seront certainement aptes à éditer des règles sanitaires (tests, isolement…) qui permettront ces voyages en toute sécurité et qui seront acceptées de bon cœur par tous».
Pour cette coordination, «la reprise des vols d’Air Algérie, qui est probablement salutaire pour la compagnie, ne laissera pas à la seule compagnie Air France le privilège de ramener ses nationaux». Des Algériens privés de rentrer au pays depuis le 17 mars 2020, en raison de la décision de suspendre les vols internationaux pour lutter contre la propagation du coronavirus, qui ont eu à commenter cette initiative, ont exprimé, à l’unanimité, leur souhait de voir cet appel pris en considération. «En espérant que la lettre trouve écho et que notre droit en tant que citoyen algérien de rentrer en Algérie soit respecté. Cela fait un an, un mois et trois jours que les frontières sont fermées aux Algériens», est-il écrit notamment.
Plusieurs Algériens établis à l’étranger partagent, dans des groupes créés sur les réseaux sociaux, leur expérience douloureuse. Certains n’ont pas pu jeter un dernier coup d’œil à un père ou une mère décédés de l’autre côté de la Méditerrané. Le président de la République est plus que jamais sollicité sur la question, sachant qu’on ne cesse de rappeler que la décision revient aux hautes autorités du pays. La chanteuse algérienne de musique chaâbi et hawzi, Naima Dziria, interpelle Abdelmadjid Tebboune.
Dans une émission diffusée sur une chaîne privée algérienne, la chanteuse implore le président de la République de faciliter l’entrée des Algériens de l’étranger dans leur pays, à travers l’ouverture des frontières. Bloquée à Paris depuis le mois d’août 2020, la chanteuse, qui met en avant des circonstances personnelles, a exprimé sa compassion avec les Algériens bloqués à l’étranger, citant l’exemple de la sœur de la défunte Naima Ababsa, qui n’a pas pu assister aux funérailles de sa sœur, décédée il y a quelques jours.
Du côté algérien, aucune communication officielle sur la question, hormis les membres du comité scientifique, lesquels sont souvent interpellés sur la question. Ces derniers estiment qu’il est prématuré de parler de l’ouverture des frontières. Le Pr Riyad Mehyaoui a affirmé que «l’ouverture des frontières, qui relève de la décision des hautes autorités du pays, n’est pas à l’ordre du jour », soulignant, cependant, l’impact sociologique de cette mesure.
La position de l’Algérie, explique-t-on, est motivée par le maintien de la stabilité de la situation sanitaire que connaît le pays, alors que, alertent les spécialistes, l’Algérie n’est pas à l’abri d’une troisième vague de contamination au coronavirus. La raison n’est autre que le laisser-aller et le relâchement total dans le respect des mesures préventives. C’est dire qu’une flambée des contaminations peut venir même de l’intérieur, en raison du non- respect des
gestes barrière par une grande partie des citoyens, peu soucieux des sanctions pour non-respect du port du masque notamment, sachant que mis à part certaines amendes infligées aux automobilistes pour non-port du masque, on ne veille pas au respect de ces mesures, bien que l’on insiste toujours sur l’importance de celles-ci.
Le Jeune Indépendant, 22 avr 2021
Etiquettes : Algérie, frontières, covid 19,