La date, roi du Ramadan

Rabat, 20 avr. (EFE) – S’il y a quelque chose qui unit tous les musulmans du monde en ce mois sacré du Ramadan, c’est bien la date : elle ne manquera sur aucune table, que ce soit dans les palais ou dans les humbles huttes, au moment où les fidèles se réunissent pour rompre le jeûne.

Les dattes sont un ingrédient obligatoire sur la table de l' »iftar » (le petit-déjeuner de la rupture du jeûne), généralement avec des œufs et du lait, et selon les latitudes, elles sont également accompagnées de soupes chaudes, de viandes, de sucreries et de toutes sortes de gâteaux et de jus de fruits.



C’est pendant le Ramadan que les supermarchés consacrent des rayons entiers aux dattes, des modestes « deglet nour » d’Algérie et de Tunisie, de forme allongée et encore vendues attachées au rameau où elles ont poussé, aux célèbres « medjoul », charnues et foncées, dont le prix atteint facilement 20 euros/kilo même dans les pays producteurs.

Dans la médina de Rabat, Aziz, un commerçant de fruits secs, est formel : « Pendant le Ramadan, je vends au moins deux fois plus que pendant les autres mois ».

Pourquoi cette date est-elle si populaire parmi les musulmans ? Les réponses commencent dans le Coran lui-même.



Une idée très répandue parmi les musulmans est que le prophète Mahomet rompait toujours son jeûne avec des dattes ; un dicton qui lui est attribué est le suivant : « Une maison sans dattes est une maison de la faim.

Parmi la multitude de dictons attribués à Mahomet, plusieurs font référence aux dattes, comme celui-ci – qui circule apparemment sans la moindre base scientifique – qui souligne qu’il ne suffit pas de manger n’importe quelle quantité de dattes, mais que leur nombre doit être impair.

Une chose est sûre : dans le Coran, les dates sont mentionnées à plus de vingt reprises, dont une dans l’azorah dédiée à Marie, la mère de Jésus. Selon le livre saint musulman, Marie a accouché non pas dans un portail de Bethléem, mais dans le désert ou dans une oasis. Elle s’est sentie faible et s’est appuyée contre le tronc d’un palmier.

Une voix l’a tirée de son découragement. Dieu lui a parlé : « Ne t’afflige pas, ton Seigneur a mis un ruisseau à tes pieds. Secouez le tronc du palmier à vos pieds, et des dattes fraîches et mûres tomberont. Alors mangez et buvez, et réjouissez vos yeux.

LE PALMIER ET L’ISLAM

Si les arguments religieux sont importants, il y a aussi les preuves géographiques : le palmier dattier est apparu dans le monde il y a 5 000 ans en Mésopotamie (l’actuel Irak), c’est-à-dire tout près de La Mecque et des lieux saints de l’Islam.

Le palmier a prospéré dans les zones arides et semi-arides car c’est un arbre qui a besoin de très peu d’eau pour pousser, alors qu’il a besoin de nombreuses heures d’ensoleillement. Il est, avec l’olivier, l’un des arbres « les moins assoiffés », et ce n’est pas une coïncidence si les dattes et l’huile d’olive sont intrinsèquement liées aux cultures du désert où l’Islam s’est d’abord répandu.

La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime la production mondiale de dattes à 8,5 millions de tonnes par an ; 95% de cette production est concentrée en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, dans une longue bande qui s’étend du Maroc au Pakistan.

Si l’on compare la carte du palmier dattier avec la carte de l’expansion de l’Islam, la coïncidence est presque totale. Il faut imaginer qu’avant la mondialisation, qui a fait tomber les barrières et rendu la datte (comme l’ananas ou la mangue) accessible à tous, la datte était le fruit le plus accessible (et le plus abordable) dans les territoires de l’Islam. Elle garantissait ce que nous appelons aujourd’hui la « sécurité alimentaire ».

La datte a aussi une vertu : elle peut sécher, mais elle ne pourrit pas, elle est donc comestible pendant plusieurs mois, et comme le Ramadan est une date mobile régie par le calendrier lunaire, sa disponibilité était toujours garantie.

PLEIN DE SUC SUC SUC SUC BÉNÉFIQUE

Enfin, il y a les arguments purement nutritionnels : après les longues heures de jeûne, le corps humain subit une grande décompensation du glucose, à tel point que le jeûne est déconseillé aux diabétiques.

Ce n’est pas un hasard si les tables de la pause du Ramadan sont pleines d’aliments sucrés et hypercaloriques, car ils répondent à ce besoin, conscient ou non, de compenser le corps avec tout le sucre dont il a été privé pendant les heures de jeûne.

De tous les aliments qui contiennent du sucre, les dattes ont un avantage sur les autres : elles sont pleines de sucres naturels et non raffinés. Ils sont également riches en fer, potassium, calcium et magnésium, et constituent une source importante de fibres.

Tous les conseils sur l’alimentation pendant le Ramadan soulignent que les menus doivent être variés et inclure des fruits pour leurs qualités hydratantes, tout en réduisant la consommation de viande rouge et de graisses, si populaires dans les cuisines du monde islamique.

Mais si les fruits frais sont un produit cher, ou rare selon la saison, ce n’est pas le cas des dattes, qui contiennent de nombreuses propriétés d’autres aliments, et sont à la portée de toutes les bourses, du moins dans leurs versions les plus modestes.

En d’autres termes, pour utiliser un concept contemporain : les dattes méritent le nom de superaliment.

Javier Otazu

El Diario.es, 20 avr 2021

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