Il leur a facturé entre 1 500 et 2 000 euros, ce qui comprenait le billet et une fausse réservation d’hôtel.
Le salon de coiffure était situé dans un centre commercial à Arguineguin, (Barbershop Akram, d’après le nom du fils du couple qui le dirigeait) à Gran Canaria, près du port, où arrivent tant d’immigrants illégaux, sauvés des cayucos et des pateras ; ou à bord de ces bateaux.
À l’avant, il y avait un Marocain originaire du Rif, T.B., et sa femme, K.B., et derrière le commerce (le sujet n’était pas exactement dédié à la coupe de cheveux, tout au plus à raser pour donner une apparence plus saine aux immigrants) se cachait le centre d’un complot qui a envoyé dans la Péninsule des milliers de personnes venues du Maroc et d’autres pays africains.
Dans les locaux ont été reçus les demandeurs de vols pour quitter l’archipel vers l’Europe. S’ils avaient un passeport, le prix était de 1 500 euros, et sinon, de 2 000 euros. Dans ce cas, c’est l’organisation elle-même qui a fourni les documents qui avaient été précédemment utilisés par d’autres personnes, selon des sources de l’enquête, consultées par LA RAZÓN.
Le complot du coiffeur était parfaitement organisé : il avait des « recruteurs », qui se déplaçaient dans les hôtels où il y avait des immigrants et des ONG, pour proposer leurs services.
Une fois les clients recrutés, ils devaient se rendre chez le coiffeur pour déposer l’argent et, s’ils ne l’avaient pas, on leur donnait un centre d’appel d’où ils pouvaient le demander à leurs proches au Maroc. Auparavant, on leur avait remis un passeport comme pièce justificative pour qu’ils puissent recevoir le montant envoyé.
Depuis le salon de coiffure, ils ont contacté une agence de voyage voisine où ils ont acheté les billets. Dans le « paquet » que les immigrants ont acheté, une fausse réservation d’un hôtel dans la ville où ils se rendaient était incluse.
Le couple, le gérant du call-shop et le directeur de l’agence de voyage figurent parmi les personnes arrêtées.
Des heures avant le vol ou l’embarquement, les immigrants étaient rassemblés dans le salon de coiffure. Un véhicule de ramassage les prend en charge et les emmène au port ou à l’aéroport.
Pendant le voyage, ils étaient accompagnés par le « passador » qui, au cours du voyage, récupérait leurs passeports et revenait aux îles Canaries afin que les documents puissent être réutilisés.
Lors d’un de ces voyages, les agents de la police nationale qui ont mené l’opération, appartenant au commissariat général des étrangers, ont réussi à détecter un de ces groupes, le « passeur » et six immigrants, à l’aéroport de Barajas.
Les agents ont été surpris par l’apparence des arrivants, des personnes fortes, défiantes, comme si elles n’avaient pas peur de ce qu’elles faisaient et qui faisaient preuve d’une grande autodiscipline, comme si elles avaient reçu une sorte d’entraînement. Le « passeur » s’est empressé de cacher les passeports dans une salle de bains, mais il a été surpris. Il était sur le point de partir pour retourner à Tenerife.
Lors de perquisitions chez le coiffeur et dans d’autres locaux, un millier de passeports et, surtout, un carnet de bord avec les noms et les vols achetés pour chacun d’eux avaient été trouvés. Plus de 300 billets avaient été commandés par une seule agence.
Le coiffeur traitait très bien les personnes de son régime et les payait grassement en fonction du travail effectué. Quelque 300 000 euros en espèces ont été trouvés dans son coffre-fort dans un magasin de la ville de Puerto Rico.
4 000 passeports et 45 arrestations
Le complot, lorsque les difficultés pour embarquer dans les ports et aéroports de Gran Canaria et Tenerife ont commencé, a détourné les immigrants vers d’autres îles, où ils ont toujours gardé un contingent. Si quatre d’entre eux parvenaient à voyager, quatre autres étaient envoyés pour attendre.
Tous les membres du réseau étaient originaires de la région marocaine du Rif et, au fil du temps, certains se sont détachés du complot central et ont créé leurs propres entreprises.
Les spécialistes de la police tentent maintenant d’établir le nombre de personnes qui ont déplacé le réseau de coiffeurs et ses environs car, selon les premières estimations, ils avaient jusqu’à 4 000 passeports.
L’opération a pris une telle ampleur que 45 arrestations ont eu lieu dans différentes régions d’Espagne, pour faux documents et délits contre les droits des citoyens étrangers, et 17 de ces personnes ont déjà été emprisonnées. On estime que le bénéfice obtenu par ces organisations aurait été de plus d’un demi-million d’euros, un montant qui pourrait être beaucoup plus élevé.
La Razon, 19 avr 2021
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