La mémoire franco-algérienne est de nouveau sur le devant de la scène. Ce dimanche 18 avril, dans les colonnes du journal Le Figaro, le président Macron estimait que la « volonté de réconciliation » était « très largement partagée » en Algérie, « malgré quelques résistances ». Côté algérien, des voix très hostiles se font entendre. Ainsi ce week-end, le directeur général des archives nationales s’est montré à nouveau très critique.
Selon plusieurs médias locaux, Abdelmadjid Chikhi a affirmé en marge d’une conférence que la France coloniale avait fait reculer le niveau scolaire des Algériens et ainsi contribué à répandre l’analphabétisme, c’est-à-dire le nombre de personnes ne sachant ni lire ni écrire. Interrogé sur le rapport de l’historien français Benjamin Stora, il s’est refusé une nouvelle fois à tout commentaire, lui qui est pourtant conseiller sur les questions mémorielles auprès du président Tebboune.
Ce rapport Stora, il l’avait, il y a quelque temps, qualifié de « franco-français ». Abdelmadjid Chikhi est-il l’illustration de ces « résistances », dont parle Emmanuel Macron dans son entretien d’hier au Figaro concernant la réconciliation des mémoires ? Tout ceci dans un contexte d’achoppement pour les relations franco-algériennes.
Il y a un peu plus d’une semaine, Alger a annulé la visite du Premier ministre français Jean Castex. La faible ampleur de sa délégation ministérielle aurait été mal pris par les autorités algériennes. Il y aussi la création récente d’un comité du parti présidentiel français au Sahara occidental qui a crispé Alger soutien indéfectible du Front Polisario, mais pour un observateur cela n’est pas la raison directe de l’annulation de la visite. Le spécialiste et journaliste Akram Belkaïd voit dans toutes ces déclarations intempestives des contre-feux allumés par un régime algérien en difficulté sur sa scène intérieure avec la reprise des manifestations du Hirak.
La version algérienne, c’est qu’il y a des courants au sein de la partie française qui militent pour torpiller le bon déroulement de la relation entre Paris et Alger, allusion faite à certains membres des partis de droite et extrême droite, et probablement aussi à certains lobbys qui ne veulent pas que la relation Alger-Paris avance. Mais il faut se rendre à l’évidence que du côté d’Alger aussi, il y a des divergences au sommet.
RFI, 19 avr 2021
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