Plus de 2 000 personnes abandonnées critiquent la négligence de l’ambassade et demandent des solutions pour traverser le détroit de Gibraltar.
Le Royaume du Maroc a annulé des vols vers l’Espagne et la France le 30 mars en raison de la situation épidémiologique. Cette décision a eu pour conséquence que des milliers de personnes ont vu leurs projets de retour sur leur lieu d’origine en plein milieu des vacances de Pâques réduits à néant.
Le nombre exact de citoyens espagnols ou de résidents dans notre pays dans cette situation n’est pas clair. Malgré cela, des sources diplomatiques estiment que quelque cinq mille personnes sont déjà rentrées. Depuis la fermeture, cinq ferries sont arrivés en Espagne avec entre 750 et 800 passagers et quatre vols avec environ 350 passagers.
Deux mille personnes en situation précaire
Cependant, au Maroc, il y a encore des gens qui attendent de traverser le détroit de Gibraltar. De l’Itran (Association des amis du peuple marocain), on affirme qu’il y a environ 2 000 personnes qui tentent de rentrer en Espagne, certaines dans une situation très précaire. Les sources diplomatiques consultées ne peuvent être sûres du nombre exact, même si elles pensent qu’il n’y en a pas tant que ça.
Quel que soit le nombre exact, leur situation est très mauvaise. Certains sont inquiets pour leur emploi. Belkhadra Simohamed, qui a un contrat à durée indéterminée à Villaverde Bajo, essaie de rentrer depuis le 3 avril, et se plaint que le consulat de Casablanca ne leur prête pas attention : « Lorsque vous vous rendez personnellement, le service de sécurité ne vous laisse pas passer », a déclaré Simohamed à la DPE.
Selon plusieurs témoignages, lorsqu’ils appellent les numéros de téléphone de l’ambassade, on leur conseille de garder un œil sur les réseaux sociaux ou on les renvoie vers les compagnies de ferry ou Iberia. Le DPE, en essayant de contacter l’ambassade d’Espagne au Maroc, n’a pas obtenu de réponse : seulement un message vocal qui renvoie aux réseaux sociaux.
L’ambassade suit la situation
Le ministère des Affaires étrangères assure que l’ambassade et les consulats sont en communication constante et suivent la situation de près. Selon eux, ils continuent à travailler pour résoudre le problème, en facilitant et en organisant davantage de transports.
Mais pour beaucoup de ceux qui y sont piégés, ce n’est pas suffisant. Des avis, via Facebook, annoncent l’affrètement de bateaux pour couvrir le détroit, mais avec un préavis de deux jours seulement. Cela complique l’obtention d’un billet, et augmente le coût de la PCR – nécessaire pour entrer en Espagne – car elle doit être effectuée en urgence.
Les mafias revendent les billets pour dix fois leur prix.
A ces problèmes s’ajoute l’activité d’intermédiaires, dans de nombreux cas organisateurs de véritables mafias, dans la vente qui font monter les billets jusqu’à dix fois leur valeur. Meryem, l’une des Espagnoles piégées, affirme qu’on lui a proposé des billets à 500 euros, alors que le prix des compagnies maritimes (Balearia ou Transmediterránea) est de 38 euros.
Meryem, qui se plaint également de ne pas avoir été autorisée à entrer dans le consulat, a envisagé de rentrer via la Mauritanie, mais le coût serait de 1 000 euros.
Simohamed, le résident de Villaverde, a également souffert des intermédiaires, bien qu’avec un peu plus de « fortune » : ils ne lui ont demandé « que » 300 euros.
Personnes à risque
Mohamed Alami, président de l’Association des amis du peuple marocain, dit qu’il ne cesse de recevoir des histoires de personnes en danger qui ne peuvent pas rentrer chez elles. Par exemple, une mère avec deux enfants, dont l’un a un handicap de 90 %. Il se souvient également que lors du premier confinement, alors que 50 000 personnes étaient piégées, une personne est morte parce qu’elle ne pouvait pas accéder aux services de dialyse.
Alami appelle à la démission de l’ambassadeur d’Espagne au Maroc, Ricardo Díez-Hochleitner, qu’il accuse de négliger la souffrance des personnes prises au piège. Il dénonce également l’absence de réponse à ses plaintes, tant en mars 2020 qu’aujourd’hui, de la part de la ministre des affaires étrangères, Arancha González Laya.
Mauvaises relations entre l’Espagne et le Maroc
Il attribue en partie cet état de fait aux mauvaises relations entre l’Espagne et le Maroc. Selon M. Alami, les deux gouvernements se rejettent mutuellement la responsabilité de l’absence de solution, ce qui ne fait qu’accroître la confusion sans que l’on sache qui ment. Les sources diplomatiques consultées affirment toutefois que le gouvernement marocain contribue à résoudre le problème.
En décembre dernier, après que Donald Trump a reconnu le Sahara occidental comme faisant partie du Royaume du Maroc, les deux pays ont communiqué qu’ils reportaient la réunion de haut niveau en raison du coronavirus. Déjà à cette époque, le communiqué américain était pointé du doigt comme la cause du retard, ce qui était mal ressenti en Espagne. En tout état de cause, le HLM aurait dû avoir lieu en février, ce qui n’a pas été le cas.
Toutefois, les sources diplomatiques assurent qu’elles travaillent à la célébration de la rencontre, car « elle est d’un grand intérêt », bien qu’elles ne précisent aucune date.
El Confidencial Digital, 19 avr 2021
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