Alors que chasseurs dozos et jihadistes de la katiba Macina se sont entendus dans le cercle de Niono, ils s’affrontent violemment dans le cercle de Djenné, dans le centre du Mali.
Les derniers affrontements ont fait plusieurs dizaines de morts au cours des derniers jours, des villages brûlés et des familles déplacées.
L’origine du conflit remonte à plus d’un mois et demi. Les jihadistes de la katiba Macina, dirigée par Amadou Kouffa et affiliée au Jnim (le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans d’Iyad Ag Ghaly, lié à Aqmi), implantés dans le cercle de Djenné depuis plusieurs années, stockent des sacs de riz prélevés dans les villages du cercle. C’est la « zakat » (aumône islamique) imposée aux habitants. Ce jour-là, à la mi-février, des chasseurs traditionnels dozos décident d’en récupérer une partie.
Plusieurs dizaines de morts
Commencent alors les représailles, embuscades et attaques qui montent en grade au début de ce mois et culminent au cours de ces quatre derniers jours : les sources – sécuritaires, autorités locales, notables et responsables communautaires ou associatifs – évoquent des bilans très variables et difficiles à vérifier : une dizaine, une trentaine, peut-être une soixantaine de morts côté chasseurs dozos, ainsi que des blessés et des prisonniers.
Les jihadistes de la katiba Macina auraient utilisé plusieurs véhicules armés de lance-roquettes. Au moins deux villages ont également été brûlés par les jihadistes, contraignant leurs habitants et ceux d’autres villages riverains à se réfugier dans les communes alentours, notamment à Djenné et Sofara.
Tentatives d’apaisement
Le cercle de Djenné avait fait l’objet d’un accord intercommunautaire en août 2019, pour garantir la libre-circulation de tous les habitants : agriculteurs, bambaras ou bozos, et éleveurs peuls. L’accord avait été signé par les représentants de ces communautés et des chasseurs dozos, sous l’égide de l’ONG Centre HD et des autorités maliennes locales.
Son comité de suivi s’est réuni à deux reprises pour tenter d’apaiser la situation. Les représentants des différentes communautés cherchent actuellement à mettre un terme à ce nouveau cycle de violences.
L’armée malienne s’est rendue sur les lieux ces derniers jours, mais n’a pas souhaité communiquer sur ses actions.
RFI, 18 avr 2021