Jeffrey Epstein, le maître de « l’île de tous les vices »

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Depuis que le monde est monde, tous les siècles ont eu leurs chantres de la « décadence ». C’est une banalité que de le rappeler. Ainsi, à notre époque dite « postmoderne », pour de nombreux observateurs- essayistes, sociologues, historiens, polémistes, etc., la France en particulier et l’Occident en général, seraient largement engagés sur la pente de la décadence, du déclin. On se gardera, évidemment, d’ouvrir le débat, mais chacun perçoit qu’il y a dans l’air, quelque chose de résigné, de désenchanté, le tout sur fond de culpabilisation permanente, de réflexes parfois haineux, et d’auto-dénigrement.

Or, cette décadence, qu’elle soit réelle ou fantasmée, est, désormais, de plus en plus alimentée par l’étalage de la vie privée de nos personnages publics. Il n’est plus guère de jours sans que des médias de masse et réseaux sociaux ne révèlent les dévergondages, les crimes d’ordre sexuel, les escroqueries ou compromissions de nos élites dirigeantes, tous milieux et toutes appartenances idéologiques confondus. Une vraie débauche de « révélations », et à cela, semble-t-il, il n’y a rien à faire comme dit la chanson…



30 ans d’impunité

En tout cas, s’il fallait se convaincre que le « club des élites » a parfois franchi allègrement la ligne rouge, voici un ouvrage aussi édifiant que glaçant : « L’île de tous les vices », de Jean-Gabriel Fredet. L’histoire du milliardaire américain, Jeffrey Epstein, qui fit la « une » de l’actualité mondiale en 2019. Incarcéré dans l’attente d’un procès pour trafic de mineurs et pédophilie, il est retrouvé pendu dans sa cellule. S’est-il suicidé ou a-t-il été suicidé ? La question reste ouverte. Fredet, qui fut plusieurs années correspondant de presse à Washington, a la double culture franco-américaine et maîtrise parfaitement son dossier. Son livre se lit comme un thriller ou, plutôt, comme un roman noir fondé sur une impressionnante palette de faits incontestés.

Dès 2002, puis surtout en 2008, Epstein avait été accusé de « prostitution ». Il réussira à jouir de… 30 ans d’impunité ! L’homme était, en effet, une figure incontournable de la jet-set. On reste effaré devant la palette de ses « amis », et la fréquence de ses bacchanales. Il avait d’ailleurs un appartement, avenue Foch à Paris… Mais il a surtout convoyé vers son île des Antilles, à bord du « Lolita Express », un de ses avions privés, tous les noms qui comptent. Des Clinton aux Trump, de Kevin Spacey au prince Andrew, de l’ancien sénateur George Mitchell à Woody Allen… Les attendait une escouade d’escort-girls. Et, bien sûr, les ébats des convives étaient filmés !



Le maître-chanteur tombera sous la pression de l’opinion, et non pas sous celle des juges… « Longtemps, écrit Fredet, Epstein a cru que l’argent lui permettrait toujours de vivre selon ses propres règles et d’acheter l’indulgence de la justice. Impossible désormais. » Au moins doit-on souhaiter que « l’affaire » fasse école.

« L’île de tous les vices » est une chronique contemporaine, hélas, riche d’enseignements. Sade, expert en la matière, disait que la Régence, sous Philippe d’Orléans (1715-1723), fut la période « la plus débauchée de nos monarchies ». Pour nombre d’historiens, la Régence annonçait la Révolution…

Le Télégramme, 16 avr 2021

Etiquettes : Jeffrey Epstein, pédophilie, l’ile de tous les vices,

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