Abdelmadjid Chikhi, conseiller du président de la République chargé des archives et de la mémoire nationale, persiste signe s’agissant du rapport de l’historien français, Benjamin Stora, sur « Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie ».
En effet et une fois encore, il l’a considéré comme « un rapport franco -français » ce qui est conforme au sentiment général exprimé en Algérie suite à la publication de ce fameux rapport. Abdelmadjid Chikhi, qui s’exprimait hier samedi lors d‘une conférence sur l’histoire, ne s’est pas trop étalé sur la question et n’a donné aucun détail sur la date de la remise de son propre rapport au président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Le président de la République, a, pour rappel, dessiné au mois de juillet dernier en tant que représentant de l’Algérie pour mener le travail en cours avec l’État français sur les dossiers inhérents à l mémoire nationale et à la récupération des archives nationales.
Chikhi étant, dans ce sens, le pendant algérien de Bendjamin Stora. Le président de la République a loué la grande compétence de Chikhi dans ce domaine, étant « le plus informé » sur les dossiers devant être traités par les deux parties, particulièrement au vu de son expérience accumulée en occupant le poste de directeur général des Archives nationales. Mais presque 10 mois après sa désignation Abdelmadjid Chikhi n’a pas encore remis son rapport au chef de l’État alors que Benjamin Stora a déjà remis son rapport au Président français, Emmanuel Macron, et ce vers la fin du mois de janvier dernier. Un rapport qui a soulevé un véritable tollé général en Algérie où il a été considéré comme très impartial.
Le document « nie tous les faits historiques », a estimé Ammar Belhimer, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement dans une déclaration à la presse. Le rapport « occulte les revendications légitimes de l’Algérie, en particulier la reconnaissance officielle par la France des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, perpétrés durant les 130 années de l’occupation de l’Algérie », accuse le ministre de la Communication. Belhimer reproche à l’historien français d’avoir mis « sur un même pied d’égalité la victime et le bourreau ». Des historiens algériens, qui l’ont si bien décortiqué ont estimé que le rapport est loin d’être impartial. Certes, il contient des propositions qui sont autant d’avancées, comme c’est le cas de la réjouissance par l’État français de l’assassinat de l’avocat et militant nationaliste Ali Boumendjel, la restitution du canon Baba-Merzoug où la réalisation d’une stèle à l’effigie de l’émir Abdelkader, Mais les historiens ont aussi relevé que ce rapport a placé la victime, que sont les Algériens qui ont eu à subir les affres terribles de la colonisation, et le bourreau, à savoir les tenants du système colonial, sur le même pied d’égalité.
En ce sens Benjamin Stora n’est pas irréprochable puisque d’aucuns lui reprochent d’ores et déjà d’avoir pris en considération les lobbies nostalgiques de « l’Algérie française » et d’avoir, par voie de conséquence, quelque peu ménagé leurs susceptibilités. Mais qu’à cela ne tienne, en Algérie on attend toujours avec impatience le rapport de Chikhi qui sera à coup sur la meilleure réponse au document de Stora.
Par : K. H.
Le Midi Libre, 18 avr 2021
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