La Turquie accueille un nombre important d’islamistes algériens qui se reconnaissent comme étant le prolongement de l’organisation des Frères musulmans.
La Turquie est la plaque tournante de l’islamisme politique, cela est devenu un secret de Polichinelle. Le premier mouvement qui a bénéficié d’une protection et accueil, c’est bien l’organisation des Frères musulmans de l’Egypte. Les membres de cette organisation la plus radicale depuis la création des mouvements islamistes dans le monde arabe et musulman profite de cette «liberté» en Turquie pour se restructurer et se réorganiser dans la perspective de se redéployer et enclencher une énième «offensive» dans le pays d’origine.
La Turquie accueille un nombre important de représentants islamistes algériens qui se reconnaissent eux aussi comme étant le prolongement de l’organisation des Frères musulmans au plan organique et au plan programmatique et idéologique. Il s’agir de la nébuleuse islamiste du Rachad, une organisation créée en 2007 en Europe et qui, aujourd’hui, bénéficie des largesses et de couverture-protection de la part de la Turquie d’Erdogan.
Beaucoup d’informations et de recoupements font référence à la présence de coordination entre les officiels de la Turquie et le mouvement obscur aux ramifications internationales, à savoir Rachad. Ces informations sont aussi appuyées par les déclarations et les allusions faites par les membres de cette organisation avec des responsables du mouvement islamiste en Turquie et d’autres mouvements de la même obédience qui ont élu domicile dans ce pays pour exercer pleinement et entièrement leurs activités, leurs cyber-attaques et leurs propagandes médiatiques à travers des chaînes qui émettent de la Turquie pour s’attaquer à leurs pays d’origine.
Le cas des mouvements radicaux islamistes affiliés à l’organisation des Frères musulmans en est une preuve concrète avec leurs chaînes et leurs moyens relevant de la cyberactivité à travers les réseaux sociaux et le Net en général. Tous les membres de cette organisation islamiste de l’Egypte sont aujourd’hui réduits à un silence sidéral au risque de se voir rapatrier au pays d’origine. Cette nouvelle situation est justifiée par de nouveaux enjeux qui viennent de surgir au niveau de l’Est de la Méditerranée et les gisements du gaz dont l’Egypte dispose d’une partie importante partagée avec la Grèce.
Cette nouvelle donne a poussé la Turquie d’Erdogan de sacrifier la carte des Frères musulmans en les monnayant en gaz comme nouvelle forme de redéploiement diplomatique avec l’Egypte. Cette stratégie qui consiste à faire placer les intérêts du pays avant toutes considérations, montre on ne peut plus clairement que la Turquie face aux intérêts économiques et stratégiques ne recule devant rien pour pactiser y compris avec le diable. Quant aux membres de l’organisation des Frères musulmans, ils ne sont qu’une carte sur un échiquier multiple et à plusieurs facettes. D’ailleurs, c’est ce qui s’est passé dernièrement en leur intimant l’ordre de ne plus piper un mot à l’égard de l’Egypte et du pouvoir égyptien en l’occurrence.
La Turquie a des relations économiques importantes avec l’Algérie, ces relations sont en train de s’approfondir davantage, c’est le signe d’une entente au plan diplomatique promettant plus d’échanges et de coopérations. De ce point de vue, la Turquie ne ménagera pas ses efforts pour consolider ses rapports avec l’Algérie. Pour ce faire, elle peut rééditer sa position prise à l’égard de l’Egypte en sommant les éléments islamistes radicaux du Rachad de quitter le territoire turc pour ses intérêts stratégiques et économiques avec l’Algérie. En tout cas, les choses finiront par connaître une issue comme celle de l’Egypte, les relations entre Etats ne sont pas déterminées par des approches étroites et strictement idéologiques comme c’est le cas pour le président de la Turquie et son obédience islamiste.
La Turquie préfère des relations d’intérêt qui lui permettent de s’inscrire dans des enjeux plus prépondérants en sa qualité de force et de pays émergent que de s’enfoncer dans le soutien des éléments extrémistes qui n’apportent rien au peuple et à l’Etat turc. Le mouvement islamiste Rachad va connaître un sale temps, un temps que même son allié traditionnel sera de la partie pour l’enfoncer dans sa spirale sans fin.
L’Expression, 18 avr 2021
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